BATAILLE DE « CHIFFRONNIERS »

Bataille de chiffres, querelles d'experts ? Le (faux) débat et le (vrai) procès sur le coût des propositions de Ségolène Royal constitue surtout un nouvel écran de fumée destiné à masquer les responsabilités du candidat sortant. En cinq ans, le Gouvernement de l'actuel Ministre de l'Intérieur a, en effet, augmenté les prélèvements obligatoires. La dette s'est alourdie de 300 milliards d'euros et le déficit du commerce extérieur - record historique - atteint maintenant 30 milliards d'euros. De quel crédit disposent-ils donc pour s'en prendre au pacte de Ségolène Royal lorsque Nicolas Sarkozy demeure le Ministre du budget sous l'autorité duquel la dette aura le plus augmenté ? Quelle est la légitimité économique du Président de l'UMP lorsque le 1er janvier, il estime son propre programme à 68 milliards d'euros avant de le ramener un mois plus tard à 35 milliards ? Quelle est sa crédibilité, lorsque le 15 février, il se reprend encore pour afficher cette fois 30 milliards ? Un jour, il déclare abandonner 17 milliards de cotisations sociales. Un autre, il annonce vouloir baisser les prélèvements obligatoires de quatre points en cinq ans, pour encore se démentir et l'étaler sur dix ans. Oubliant, par ailleurs, que ces quatre points représentent quatre fois le budget de l'enseignement supérieur et de la recherche ! A limiter le pacte présidentiel de Ségolène Royal à une comparaison des coûts, la Droite souhaite en arriver à l'indifférenciation pour faire oublier l'essentiel : le sens des propositions. Ce n'est pourtant pas la même chose que de supprimer l'impôt sur la fortune et de créer une allocation d'autonomie pour les jeunes. Pas la même chose de supprimer un fonctionnaire sur deux et donc 25 % des enseignants et de créer un service public de la petite enfance. Pas la même chose de supprimer les droits de succession et porter le SMIC à 1 500 €. Non, les projets de l'UMP et du PS ne se ressemblent pas. Les politiques ne sont pas similaires, leurs conséquences non plus et le choix proposé aux Français mérite mieux qu'une puérile bataille de « chiffronniers » !