MOUREZ, ILS S'OCCUPENT DE TOUT !

Il reste moins de trente jours pour convaincre, moins d'un mois pour vaincre. Non seulement rien n'est joué, mais la victoire dépend plus que jamais de la mobilisation de chacun. A l'image de celle remportée voici juste un an sur le Contrat Première Embauche. Un contrat de travail précaire que Nicolas Sarkozy n'a cependant pas renoncé à instaurer même si le Tribunal des conflits vient de sanctionner sa manœuvre visant à éviter que la Cour de cassation se prononce avant les élections sur la conformité du CNE vis-à-vis des conventions de l'Organisation Internationale du Travail. Précariser demeure d'ailleurs le leitmotiv libéral du candidat de l'UMP et de sa doublure UDF, nouveau zélateur de la retraite par points. Au-delà des mots, cette proposition enterrerait définitivement le régime par répartition et pénaliserait plus encore nos concitoyens les plus fragiles, celles et ceux financièrement dans l'incapacité d'acheter leurs points ou de souscrire une complémentaire privée. Précarité toujours avec le projet de financement de la dépendance présenté la semaine dernière par Philippe Bas. Après que Jean-Pierre Raffarin ait augmenté la part de l'APA payée par les personnes âgées et leurs familles en diminuant de 900 à 600 € le seuil de revenu à partir duquel l'usager participe à ses frais de dépendance, depuis cinq ans, contrairement aux affirmations gouvernementales, la part de solidarité nationale se réduit à peau de chagrin. Ainsi, alors que l'APA devait être financée à parité entre l'Etat et les Conseils généraux, les assemblées départementales y contribuent à hauteur de 70% ! Dans l'Aisne, pour 12 millions d'euros nationaux, les contribuables axonais en versent 38 pour soulager plus de 10 000 personnes âgées dépendantes. Plus grave encore, le même Ministre propose aujourd'hui à ces mêmes retraités de « mobiliser leur patrimoine en le rendant plus disponible ». En clair, pour être soignés, ils devront vendre leur habitation ! Voilà comment en ajoutant un peu plus d'inégalité à l'inégalité, le Gouvernement invente un nouveau slogan aussi cynique que libéral : « Mourez, nous nous occupons de tout ! ».