JOURNÉE NATIONALE DE LA DÉPORTATION : « OUI, IL FAUT LE DIRE ET LE REPÉTER … ».

Voici un peu plus de deux ans, à Paris, plus de deux mille survivants et membres de familles de déportés se sont retrouvés un dimanche de janvier 2005, devant le Mémorial de la Shoah, au coeur du quartier parisien du Marais, pour assister à l'inauguration du « Mur des noms », gravé à la mémoire des 76.000 déportés juifs de France pendant la Deuxième Guerre mondiale. Ils se pressaient, les uns contre les autres, vieux et jeunes, venus de différentes régions françaises mais aussi de Belgique. Tous espéraient reconnaître, gravés dans la pierre, les noms de leurs proches, emportés de 1942 à 1944 par la folie nazie. Ce souvenir, Jean-Jacques Thomas l'a développé devant le monument de la paix à l'occasion de la journée de la déportation. Auparavant, Mlle Cohidon a lu le message rédigé par plusieurs associations de déportés. Quand disparaîtra l'ultime témoin - et ce jour viendra - prédit Jean-Jacques Thomas, ce « Mur des noms » exprimera l'ampleur de la tragédie collective : « Grâce à ce travail de mémoire - le même que nous avons engagé le 16 avril face aux milliers d'anonymes tombés en 1917 au Chemin des Dames, chez nous, dans l'Aisne - tous ces noms resteront des sujets actifs de l'Histoire alors qu'ils seraient restés anonymes dans les oubliettes du temps. Tous sont venus se souvenir et voir le nom d'une grand-mère, de parents ou de frères et sœurs, venus pour la plupart de toute l'Europe pour trouver refuge en France où, à partir de 1942, ils furent arrêtés ». Jean-Jacques Thomas souhaita également évoquer des épisodes trop souvent passés sous silence : « Avec amertume, des survivants se souviennent parfois, de l'accueil qui leur a été réservé à la sortie des camps. « Il n'y en avait que pour les héros, n'a pas oublié l'un de ces déportés. Nous, on ne voulait pas nous entendre. On nous en voulait presque d'être revenus ». Voilà - si besoin était - pourquoi la Mémoire ne doit pas seulement être portée par les enfants des victimes. Oui, c'est l'Humanité tout entière qui a été assassinée dans les camps. Oui, la Mémoire ne doit pas seulement être portée par les enfants de victimes. Comme il serait trop commode d'oublier que le sol français a, lui aussi, abrité d'autres camps de transit, mais également de prisonniers ». En présence de Maurice Cohidon, ancien déporté, salué ici par Evelyne Guyon, Sous-Préfet de Vervins ; Jean-Jacques Thomas annonça que le Conseil municipal délibérerait prochainement sur les noms de Jean et René Burlot donné à la nouvelle place des rues Zola et des Ecoles et d'Esther Poteau à une rue d'Hirson. D'expliquer : « Oui, il faut dire et répéter que ces massacres nazis ont débuté en octobre 1939 avec l'extermination de handicapés mentaux. Oui, il faut dire et répéter que dès septembre 1939 après avoir envisagé la création d'une « réserve juive » à la frontière polonaise orientale, ou des déportations de juifs vers Madagascar, les nazis ont ensuite projeté leur déportation en masse, afin de créer les conditions d'une « élimination biologique » des juifs, selon les termes employés par Heydrich au printemps 1941 ». Avant que Pascal Devoudelle n'interprète un émouvant Chant des Partisans, le Maire d'Hirson de conclure : « Oui, il faut le dire et le répéter pour que ces massacres puissent être considérés comme un crime et non pas comme la conséquence d'une guerre parmi tant d'autres. Il faut plus que jamais le dire et le répéter pour que, justement, ces crimes ne répètent pas. Il faut plus que jamais le dire et le répéter pour que nous n'en soyons jamais les victimes ou, peut-être pire, les témoins impuissants ou muets ».