15 juillet 2007
CES ÉMULES DE VISON FUTÉ.
« Vous qui partez chercher au loin les clefs du paradis fiscal, je vous le dis : revenez, ce n'est plus le purgatoire ici. Enrichissez vous ! ». L'appel lancé par Christine Lagarde, la nouvelle Ministre de l'Economie ; est parfaitement ciblé. Après l'enfer chiraquien, voici venu le temps de la bénédiction accordée et de la protection fiscale assurée.
Les mesures votées la semaine dernière auront beau coûter la bagatelle de 13,6 milliards d'euros au budget de la nation, soit 0,7% du produit intérieur brut, l'essentiel réside d'abord dans l'idéologie des choix gouvernementaux.
Pour s'en convaincre, le Sénat vient d'ailleurs opportunément (!) de rappeler que depuis 1997, trois cents riches quitte chaque année la France. Depuis deux ans (- à qui la faute ? -) l'étude parlementaire ferait même état de 649 départs.
Le message de la Ministre de l'Economie s'adresse donc aux passeurs de capitaux. Le plafonnement à 50% de l'impôt sur la fortune, des taxes d'habitation et foncières et de l'impôt sur le revenu suffira-t-il a rappeler au civisme ces exilés volontaires, ces adeptes de Johnny, ces émules de vison futé ?
Rien n'est moins sûr. D'autant que l'augmentation de la croissance est estimée à 0,2% et, que l'impact des cadeaux fiscaux votés est, donc, plus qu'aléatoire. L'argent ainsi dépensé aggravera forcément le déficit budgétaire.
Bien sûr, le Gouvernement défend ses choix, arguant que l'exonération de charges fiscales et sociales des heures supplémentaires bénéficiera aux salariés tout comme la déduction pendant cinq ans des intérêts d'emprunts immobiliers ... supprimés en 1997 par Alain Juppé.
Là encore, la mesure n'est pas nouvelle et l'économie réalisée ne représente qu'une diminution de 0,3% des taux d'intérêts. Juste de quoi compenser la dernière hausse.
Alors que nombre de Français attendent des mesures de soutien à la consommation et en faveur de leur pouvoir d'achat, la nouvelle loi ne bénéficie qu'à une minorité de contribuables.
Davantage tourné vers les chefs d'entreprises que vers les entreprises elles-mêmes, le paquet fiscal n'est finalement que le paquet cadeau promis aux 16 000 familles les plus riches.
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