UN MONUMENT ÉRIGÉ A LA MÉMOIRE DES FANTÔMES DU CAMP D'EFFRY : UNE PORTE FERMÉE A LA BARBARIE.

Des briques cuites pour ajouter à la noirceur des lieux, un trou au sommet du monument pour marquer la place de l'horloge, symbole du temps qui passe et du temps passé : désormais à Effry, le souvenir des 688 prisonniers belges, français, italien, russes et roumains tombés dans l'ancienne usine transformée en mouroir vivra au travers de l'oeuvre de Michel Duval. Entourée des porte-drapeaux, la reconstitution de l'ancienne porte de l'émaillerie ne saurait, comme l'expliqua Jean-Jacques Thomas, constituer un hommage à la classe ouvrière. Pour lui, elle symbolise l'entrée de l'homme dans la barbarie, la pierre bleue polie qui barre son centre la perfectibilité de l'être humain et l'entrée ainsi obstruée le refus de tous les totalitarismes. Pour Evelyne Guyon, Sous-Préfet de Vervins, l'émotion générée par le souvenir est à rapprocher de celle des prisonniers, ces oubliés qu'Yves Daudigny, Président du Conseil général ; a souhaité réintégrer dans la mémoire collective. Si, pour Jean-Jacques Thomas, la violence est une constante à toutes les guerres, le premier conflit mondial a inauguré un cycle de violence longtemps minoré par les historiens. « Violence subie, expliqua-t-il, sur des champs de batailles transformés en champs d'horreurs ; violence infligée aux civils, terreur organisée ou couverte par les autorités militaires. Malgré cela, au lendemain de l'armistice, ce déferlement de violence fut gommée par la propagande, l'héroïsme des combattants. Il a d'ailleurs fallu attendre Lionel Jospin et plus de quatre-vingt ans pour oser évoquer les mutins de 1917, près de quatre-vingt dix ans et Yves Daudigny pour que les fusillés pour l'exemple de Vingrée retrouvent l'honneur et la dignité qui leur furent volés. » Jean-Jacques Thomas souhaita donc que malgré l'émotion toujours palpable, commémoration rime avec explication. Des explications directement liées aux interrogations sur les silences encore étouffés de cette guerre, sur la signification de ce monument, justifiée par Pierre Delabre, Président du Comité de la mémoire ; et Michel Duval, son concepteur. Interrogations posées par Jean-Claude Molinaro, Maire d'Effry ; et finalement sur la capacité d'une société française toujours incapable de faire le deuil de ses guerres. La première comme celle d'Algérie. A Effry, 688 fantômes attendent toujours que le voile déchiré soit définitivement levé sur la barbarie. La porte stylisée de l'usine montrera-t-elle le passage ?

Comments

[BALTHASAR]

Hommage , respect , solennité , mémoire , rendus par J.CLAUDE , PIERRE , MICHEL , J.JACQUES , MONSIEUR LE PRESIDENT DU CONSEIL GENERAL Yves DAUDIGNY , MADAME le SS PREFET( à diffuser dans les écoles )

[vincent]

Bel hommage !