20 octobre 2007
DENISE, LA RAISONNEUSE, A L'ÉPOQUE OÙ L'ON METTAIT SA CARNASSE DANS LA CARETTE …
« Aussitôt la porte de l'étable ouverte, l'odeur la saisissait tout entière. Une odeur reconnaissable entre toutes. Elle était faite d'un dosage subtil de fumier à l'odeur virile d'où émanaient quelques gaz délétères dont elle avait presque envie de s'enivrer, de paille et de foin à la senteur primesautière, craquante, estivale et d'urine à la senteur épicée au soupçon de poivre ».
Dans la Thiérache de l'après-guerre, la petite Denise découvre les émotions de petite fille de famille nombreuse. Initiations parfois difficiles dans une société où le travail est la première vertu et, chez les filles, le silence, souvent la seconde.
Pourtant, chez la Raisonneuse, terme péjoratif chez bien des adultes, la réflexion s'affirme comme une seconde nature. Dans son livre autobiographique, Denise Leurquin-Depernet évoque longuement ses parents, mais également l'école, les camarades, la maison, les saisons et la famille. Bref l'univers d'une enfant de Mondrepuis.
Du reste, dans la salle de la rosace de l'abbaye de Saint-Michel, ils étaient nombreux, à la fois fiers et un étonnés de retrouver la Raisonneuse leur faire la lecture, un peu à l'image du maître d'école qu'ils n'avaient pas oublié.
Comme Jean-Jacques le rappela, ce premier ouvrage en appelle sans doute d'autre. Mais, à l'instar d'un livre de Marc Blancpain, il parle de la Thiérache, d'une jeunesse partagée par bien des lecteurs, de l'époque où l'on « aboutonnait son manteau », où l'on était « agrinché à une barrière », où en rentrant de l'école, on était invité à « mettre sa carnasse dans la carette ».
Sans abuser, Denise parsème ses récits de ces expressions savoureuses. De celles qui parfument l'enfance, qui vous entraîne dans les turbulences de l'adolescence. Mais cela est sans doute une prochaine histoire …
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