JEAN-JACQUES THOMAS : « LES HIRSONNAIS TOMBÉS EN ALGÉRIE N'ONT PAS CHOISI LA DATE DE LEUR MORT ».

Voici plus de quarante-sept ans intervenait le cessez-le-feu en Algérie. Les accords d'Evian mettaient fin « aux opérations militaires et à la lutte armée sur l'ensemble du territoire algérien ». Ce fut aussi, comme l'écrivit, Jean Lacouture « le premier jour où la France ne fut en guerre contre aucun peuple ». C'était la fin de la guerre d'Algérie. Si pour nombre d'anciens combattants, la date du 19 mars doit donc être la date commémorative de ce conflit, à Hirson, Municipalité et associations patriotiques célèbrent, comme hier, la date anniversaire de l'inhumation du soldat inconnu à Notre-Dame de Lorette. Pour Jean-Jacques Thomas, « il ne saurait, en effet, y avoir d'opposition lorsqu'il s'agit de se souvenir en même que de se recueillir. Les Hirsonnais tombés pendant la guerre d'Algérie n'ont pas choisi la date de leur mort, eux qui furent frappés en pleine jeunesse ». Bien sûr, expliqua-t-il, la violence ne cessa pas après le 19 mars. Même après l'indépendance de l'Algérie, elle se déchaîna encore de la part des Algériens à l'encontre des Harkis abandonnés à leur sort. Violence toujours entretenue jusqu'en Métropole par l'OAS, l'organisation de l'armée secrète. Après avoir fleuri la stèle érigée à la mémoire des morts en Afrique du Nord, le Maire d'Hirson évoqua le bilan de cette guerre terrible, sur les plans humain, social, économique et politique. « En France, souligna-t-il, deux millions de soldats, dont une écrasante majorité d'appelés, souvent très jeunes, ont traversé la Méditerranée, embarqués dans un conflit dont ils ne comprenaient pas vraiment les enjeux. Environ trente mille sont morts, des milliers ont été blessés. Tous ceux qui sont revenus portent au fond d'eux-mêmes des souffrances parfois indicibles et indélébiles. Toutes ces victimes, civiles ou militaires, qu'elle qu'en soit la date, méritent donc notre respect ». Tout en rappelant que, malgré ou à cause de sa brutalité, cette guerre est restée volontairement ou inconsciemment enfouie dans le non-dit, sujet tabou et controversé, Jean-Jacques Thomas nota qu'il fallut attendre juin 1999 pour que soit finalement reconnu l'état de guerre. De conclure : « Cette officialisation a également rendu la parole à toutes celles et à tous ceux pour qui ce silence était insupportable. Voilà pourquoi, nous devons poursuivre cette démarche en respectant ce temps de mémoire. Le 19 mars, comme le 16 octobre, nous invitent, comme ce matin, au même geste de réconciliation, de reconnaissance, de vérité et de justice ».