BATTRE EN … RETRAITE.

Des défilés contre la vie chère dans plusieurs capitales, la baisse du pouvoir d'achat en France et surtout l'avenir des retraites ont marqué un 1er mai plutôt revendicatif et un peu plus unitaire qu'à l'ordinaire. Il est vrai que l'anniversaire de l'élection de Nicolas Sarkozy permet aujourd'hui de dresser un bilan que les Français eux-mêmes jugent sévèrement. D'autant plus que sur la question précise du financement des retraites, la loi Fillon - celle-là même portée en 2003 par l'actuel Premier Ministre - n'a rien réglé sur le plan social, ni évité un déséquilibre financier estimé, l'an dernier, à près de 5 milliards d'euros. Or, le pouvoir d'achat s'affirme désormais comme une question centrale. Six millions de personnes âgées doivent, en effet, composer avec des pensions largement inférieures au Smic. Pire, un million de retraités vivent en dessous du seuil de pauvreté. Alors que le recul de la précarité salariale se poursuit, que l'amélioration du taux d'activité des salariés de 55 à 60 ans n'est pas au rendez-vous, la pénibilité des métiers et son corollaire, la profonde inégalité d'espérance de vie au-delà de 60 ans est toujours passée sous silence. Rien n'est réglé alors que l'abondement régulier du fonds de réserve des retraites grâce à la rétrocession par l'État d'une partie des dividendes des entreprises publiques et le versement du produit des pénalités financières exigées des entreprises qui ne jouent pas le jeu de l'emploi des seniors aiderait à passer le cap difficile de 2012. Par ailleurs, la sollicitation des revenus financiers et des niches sociales assure déjà trois milliards supplémentaires. Tout comme le remboursement des sommes dues par l'Etat au régime général. Enfin, l'annulation de l'exonération des grosses successions représente un autre gain de deux milliards. Alors pourquoi ces solutions ne sont-elles pas mises en œuvre ? Le Gouvernement ne rêve-t-il pas tout simplement de faire main basse sur les trente-deux milliards de Fonds de réserve des retraites, histoire de combler les déficits qu'il a lui-même creusés ? Face aux promesses, voilà bien qui s'appellerait battre en retraite !