DERNIER TANGO A PÉKIN.

Difficile de faire plus discret. Prix Nobel de la Paix, le dalaï-lama fut donc reçu à huis clos par une dizaine de Députés et Sénateurs, faisant mentir le Président de la République qui quelques semaines auparavant expliquait que la Chine ne lui dicterait pas son agenda et qu'il recevrait qui il voulait. Depuis la « real politique » est passée par là. Pas sûr que la France en sorte grandie. Il est vrai que le Président de la République n'est pas servi par la chance. Pourquoi donc le Chef spirituel des Tibétains a-t-il choisi de visiter la France en pleine période olympique, braquant ainsi les projecteurs de l'actualité sur le recul du Chef de l'Etat. Les Droits de l'Homme et les principes démocratiques passeront après. Pourtant, même à l'UMP, certains parlementaires s'indignent et la pseudo mission diplomatique dévolue à l'épouse du Président ne suffira pas à masquer le repli français. Pendant une trêve olympique foulée aux pieds depuis bien longtemps, la situation s'est-elle améliorée au Tibet ? L'étau s'est-il même desserré ? Avancés comme condition de la participation de Nicolas Sarkozy à la cérémonie d'ouverture des JO, le dialogue sino-tibétain est-il devenu réalité et les droits du peuple tibétain ont-ils progressé ? Sur la scène internationale comme au plan national, le Gouvernement aime décidément le tango. Un pas en avant, deux en arrière, qu'importe la parole donnée. Pour l'exécutif, tous les renoncements peuvent se justifier. Malgré tout, en diplomatie comme en économie, les faits sont têtus. Ainsi, la production industrielle française est redescendue à son niveau le plus bas depuis le début 2006. Les spécialistes en sont aujourd'hui à parler de récession. La croissance ne risque donc pas de s'améliorer. L'industrie automobile poursuit, elle aussi, sa chute. « On n'avait pas fait pire depuis le quatrième trimestre 2001 » explique un autre consultant. Il ne reste plus à espérer une moisson de médailles. Histoire de remonter, sinon l'économie, du moins le moral des Français et de rentabiliser le voyage présidentiel à Pékin. C'est bien connu, la balance commerciale française n'a rien à attendre des échanges avec le Tibet !