JEAN-JACQUES THOMAS A LA TRIBUNE DE LA MAL : « L'EAU TUE DIX FOIS PLUS QUE LES GUERRES ».

L'Agence de l'Eau Seine-Normandie vient de lancer une campagne d'information sur l'importance de l'eau et les mesures nécessaires à sa préservation. A la Maison des Arts et Loisirs, élus, consommateurs, agriculteurs, étudiants et industriels se sont donc retrouvés pour débattre sur les schémas d'aménagement et de gestion de l'eau, sur les obligations européennes et les objectifs d'une meilleure qualité des milieux naturels à l'horizon 2015. Au terme des témoignages - dont celui de Mathieu Canon - sur les pratiques agricoles, Administrateur de l'Agence de l'Eau, Jean-Jacques Thomas a rappelé que l'enjeu ne pouvait se limiter à un territoire, aussi pertinent soit-il. « Sa rareté, la pollution et les conflits qui vont fleurir feront de l'eau une denrée précieuse, expliqua-t-il en conclusion des débats, et donc le 1er problème du XXIe siècle. Marchandise d'échange, elle ne cessera donc de devenir une source de plus en plus importante de profit pour les spéculateurs ». Pour le 1er Vice-Président du Conseil général, les besoins en eau continueront, en effet, d'augmenter en raison de la croissance démographique et des pratiques qui ne tiennent aucun compte du fait qu'un milliard d'habitants n'ont pas accès à l'eau, que 2,6 milliards de personnes vivent sans aucun système d'évacuation des eaux usées et surtout que 2 500 êtres humains - dont la moitié d'enfants - meurent chaque jour faute d'eau. « L'absence d'eau, poursuivit-il à la tribune de la MAL, tue dix fois plus que les guerres et les réserves en eau par habitant ne cessent de baisser : 16 800 m3 en 1950, 7 300 m3 en 2000 et 4 800 m3 en 2025 ». Jean-Jacques Thomas invita donc l'auditoire à « tourner le dos aux fausses solutions » en gérant mieux la ressource et en décentralisant les programmes, en privilégiant des solutions locales comme l'assainissement autonome ; rappelant, par ailleurs, le retard de la France en matière de mise aux normes des stations d'épuration. D'où la nécessité d'accélérer les travaux « en fonction de leur impact sur l'environnement ». Toutefois, au-delà des investissements nécessaires, de leur impact sur la facture des foyers - une protection de l'eau efficace revient à 75 € par an et par personne - Jean-Jacques Thomas a demandé que responsabilisation rime avec éducation.