AU CŒUR DU CIMETIÈRE ALLEMAND AVEC UNE DÉLÉGATION DE KÖNIGSEE, L'HOMMAGE A MATTHIAS ERZBERGER.

Alors que la Thiérache célèbre le 90e anniversaire du cessez-le-feu du 7 novembre à Haudroy et donc la fin d'un tragédie débutée à Sarajevo, la Ville d'Hirson a également voulu marquer la fin des hostilités. Après l'épopée du 412e Régiment d'Infanterie venu libérer les communes du Canton, le cimetière militaire illuminé a servi de cadre à une cérémonie exceptionnelle. En effet, grâce à l'association « Thiérache-Borders », deux délégations écossaise et allemande se sont retrouvées au pied des croix de béton afin de marquer leur attachement à la paix tout en rappelant au travers des différents rendez-vous comment l'armistice a entraîné illusions et désillusions et le Traité de Versailles porté en lui le germe de la seconde guerre mondiale. A la nuit tombée, loin du bruit et de la fureur et de tragédie de la guerre des tranchées, les descendants des ennemis d'hier se sont tenus par la main lors de la minute de silence observée à la « mémoire des morts de toutes les guerres dans tous les pays ». Auparavant, en compagnie des personnalités présentes, les élus de Königsee et les hôtes des Borders ont allumé les photophores déposés au pied des sépultures. Symboliquement, cette flamme visait à éclairer un passé commun, à démontrer la fragilité d'une paix chèrement payée et surtout à éviter de limiter chacune des guerres « à l'horizon de ses propres monuments ». «Trop longtemps, expliqua Jean-Jacques Thomas, chaque pays a voulu réécrire l'Histoire, justifier ses propres pertes, oubliant combien les deuils furent partagés au-delà des frontières ». La présence d'une délégation de la ville jumelle de Königsee conduite par Klaus Reinholdt permit au Maire d'Hirson de rendre un hommage tout particulier à Matthias Erzberger, Parlementaire et Secrétaire d'Etat, chargé de négocier l'armistice et ainsi devenu dans son pays « l'homme à abattre ». « Elle est déjà fondue la balle qui doit m'abattre » déclarait en janvier 1920, l'élu du Reichstag après avoir déjà échappé en 1919 à un premier attentat. Le 16 août 1921, deux militants d'Extrême Droite parviendront finalement à leurs fins. Toutefois, en 1933, lors de l'avènement d'Adolf Hitler, ils seront non seulement graciés, mais élevés au rang de « héros de la résistance nationale. « Après la guerre, il est mort pour la paix » conclut ainsi Jean-Jacques Thomas.