ENTRE 150 000 ET 200 000 AUDITEURS POUR LE CONCERT SAINT-MICHELLOIS ET LE RAYONNEMENT DU SITE ABBATIAL.

François-Xavier Szymczak, le producteur de « France Musique » qui mardi, le jour du 250e anniversaire de la mort de Handel, présentait le concert de l’ensemble « La Rizonanza » en direct à l’abbaye de Saint-Michel, a également consacré les vingt minutes d’entracte au projet musical du site abbatial. Cette séquence, réalisée à partir du car de Radio France stationné derrière le chevet de l’église, a ainsi permis d’entendre plusieurs extraits d’enregistrements de l’orgue historique de Boizard ainsi qu’une interview de Jean-Michel Verneiges, Délégué départemental à la musique et Directeur artistique du festival de musique baroque. Interrogé sur l’instrument, il a notamment souligné la spécificité « d’un orgue de paroisse typique de la seconde moitié du règne de Louis XIV, représentant aujourd’hui l’un des rares instruments de cette importance en état de marche avec l’essentiel de sa tuyauterie ancienne ». L’instrument thiérachien a donc survécu à plusieurs incendies, dont celui de 1715, et aux vicissitudes de l’Histoire. Avec ses 31 jeux, il témoigne donc de la réalité du répertoire musical de l’époque et des nécessités du service liturgique. Pour Jean-Michel Verneiges (ici aux cotés de Jean-Jacques Thomas, de Fabio Bonizzoni, d’Eléodie Sches et de Salima Eburdy), l’originalité de Saint-Michel réside également dans l’exceptionnelle adéquation entre l’orgue et l’acoustique naturelle de l’église. « Cette relation, ajoute-t-il, favorise l’épanouissement de timbres d’une grande sensualité, à l’opposé de l’image sonore confuse que l’on associe trop souvent à l’orgue ». Les auditeurs de « France Musique », estimés entre 150 000 et 200 000 ont d’ailleurs pu en juger à travers deux extraits d’un concerto pour orgue et orchestre de Michel Corrette, enregistré à l’abbaye en 2007 précisément par Fabio Bonizzoni et ses musiciens de « La Risonanza ». Cette écoute s’imposait en effet pour relier la séquence aux artistes de la soirée, et permettait aussi au Directeur de l’ADAMA d’évoquer la collaboration régulière entretenue avec ces musiciens à la faveur d’une résidence artistique soutenue par le Conseil général et la DRAC de Picardie. Indépendamment de sa participation chaque année au festival de l’abbaye, Fabio Bonizzoni se produit, en effet, en qualité d’organiste dans la série des « Orgues de l’Aisne en concerts ». Par ailleurs, il dirige l’Atelier départemental de musique ancienne, réunissant des professeurs et des élèves des écoles de musique axonais intéressés par les techniques et le style baroques. Cet atelier original fonctionne durant l’année scolaire à l’occasion de plusieurs week-ends et s’achève par un concert public. Cette autre initiative s’intègre dans le cadre du Schéma départemental de développement des enseignements artistiques du Conseil général visant à établir des passerelles entre les initiatives pédagogiques et les projets artistiques. Evoquant du reste la collaboration très ancienne et sans aucune interruption entre le site abbatial et « Radio France », Jean-Michel Verneiges a d’ailleurs rappelé sur les ondes le rôle décisif de l’organiste et expert André Isoir dans le processus de restauration de l’orgue de l’abbaye. Aujourd’hui entretenu par le facteur luxembourgeois Georg Westenfelder, l’instrument fut révélé par l’organiste français voici plus de vingt ans. « France Musique » a du reste proposé à ses auditeurs une grande page de François Couperin, extraite du premier CD justement réalisé par André Isoir à l’abbaye en 1987. Depuis, cet instrument hors du commun est au centre de la collection discographique « Tempéraments », coéditée par « Radio France » et le Conseil général, consacrée à certains des plus beaux orgues historiques et qui compte actuellement plus de trente titres. Avant de regagner sa place dans l’église pour la seconde partie du concert, Jean-Michel Verneiges confirmait d’ailleurs ses objectifs de développement du projet musical autour de l’abbaye de Saint-Michel, dont « le potentiel artistique exceptionnel, a-t-il conclu, trouve en cette soirée du 14 avril sur une antenne nationale, une éclatante démonstration ».