ENTRE LES TOMBES FLEURIES DES RÉSISTANTS, LA LETTRE D’ADIEU D’ALBERT RÉGHEM.
Le 8 avril 1944, Albert Réghem est incarcéré à « La Sentinelle », l’ancien champ de manœuvre, de Saint-Quentin. Il est condamné à mort et, le 8 août, avant d’être fusillé, il écrit une dernière lettre à ses proches. t;
Lors de la cérémonie organisée au cimetière d'Hirson en présence, notamment, de l'association d'histoire vivante de mai 40, et avant d'aller fleurir les tombes des Résistants en compagnie de ses collègues du Conseil municipal et des associations patriotiques, Jean-Jacques Thomas a lu la lettre du Résistant qui devait ensuite tomber sous les balles du peloton d'exécution.
« A l’heure ou vous recevrez ma lettre, écrit-il, je n’y serais plus. Je vous demande pardon à tous, du mal que je puis vous commettre.
Chère Suzanne, je te demande pardon, ma petite femme, du mal que je t’ai fait. J’aurais bien aimé te revoir, ça m’a été impossible. Tu embrasseras bien Jean et mon petit Daniel.
A mes chers parents, frères et sœurs, je leur demande de veiller du mieux qu’ils pourront sur mes enfants, qui j’espère, se tiendront bien.
Je viens de me confesser et de communier avant d’aller à la mort et, croyez-moi, j’y vais courageusement et je te demanderais ma chère Suzanne que si tu retourne à Ohain de me faire un cimetière d’Ohain ou Trélon afin que je sois dans la famille.
Je pars avec mon camarade Grisot (notre photo) et beaucoup d’autres. Vous remettrez bien mes amitiés à sa femme qui a été très bonne et courageuse. Vous remettrez aussi mes amitiés à tous mes copains du dépôt.
Ma chère Suzanne, Jean, Daniel, papa, maman, mon grand frère Jean, Madeleine, Suzanne ainsi que mes beaux-parents et toute la famille, je vous embrasse tous de tout mon cœur et soyez courageux, comme, tous, nous l’avons été. Merci à ma belle sœur Marie à qui je souhaite le retour de son mari. Cher Victor, je lui demandais de faire son possible pour aider Suzanne dans son malheur. Le temps presse, j’ai peut-être oublié quelque chose, excusez moi, je ne sais pas où l’on nous fusille. Merci à tous et pardonnez-moi encore une fois, mais, surtout, que Jean soit un homme et me remplacera du mieux qu’il pourra ainsi que son petit frère Daniel. Je ne vous ai pas parlé du jugement, vous l’apprendrez bien plus tard. C’est un aumônier allemand qui nous a communié. Je vous demande d’être courageux à votre tour et de regarder l’avenir en face. Au revoir et tous mes meilleurs baisers et derniers souvenirs ».