JEAN-JACQUES THOMAS : « IL NOUS FAUT RÉCONCILIER POUR GAGNER, GAGNER POUR RÉFORMER, RÉFORMER POUR PARTAGER ».

La famille socialiste réunie autour de trois anciens Premiers Ministres, Pierre Mauroy, Laurent Fabius et Lionel Jospin, de nombre d’anciens ministres, sans oublier les leaders actuels : la Convention nationale du projet ne pouvait rêver meilleur casting. Pour Lionel Jospin, « la situation de la France l’exige ». Ce sentiment fut, du reste, partagé par la quasi-totalité des orateurs, quelle que soit sa position sur les Primaires à venir.

Pour Jean-Jacques Thomas, au-delà du projet, des engagements et des moyens mobilisés, le PS doit bien évidemment être en capacité de se rassembler, de rassembler la Gauche et les Républicains, mais, plus encore, il est de son devoir, de réconcilier les Français entre eux et avec eux-mêmes.

« En prônant le changement, écrit-il, nous affirmons clairement notre rupture avec un Gouvernement et avec une politique  qui n’ont pas seulement affaibli la France, mais avec un Président qui l’aura divisé. L’égoïsme érigé en religion d’Etat ne parvient plus à masquer la disparition d’un Etat incapable de réguler, dans l’impossibilité d’assumer ses missions. Le changement est d’autant plus nécessaire que l’échec, aujourd’hui, est patent. L’échec d’un homme. L’échec d¹une politique.

Cependant, pour indispensable qu’il soit, changer ne saurait suffire. Le Président de la République n’a pas seulement écorné l’image de la France. Il l’a abîmé et, du même coup, il a réduit notre capacité à vivre ensemble. En opposant les Français entre eux, en stigmatisant l’allocataire du RSA, en dénonçant le fonctionnaire, en méprisant l’étranger, en excluant l’autre, c’est la France dans sa diversité qu’il récuse.

François Mitterrand en appelait à la France unie. Nicolas Sarkozy n’a eu de cesse de la confisquer à son seul profit . Voilà pourquoi notre tâche est immense. Il nous faudra, en effet, nous rassembler, rassembler tous les Socialistes, rassembler la Gauche, rassembler les Républicains pour ensuite rassembler les Français. Et en cela les primaires constitueront un premier appel. Un premier pas. Notre message, en effet, ne s’adresse plus uniquement à notre camp. Désormais, il s’adresse aux Français. Et si notre message porte suffisamment loin, un, voire deux  millions de français le porteront à leur tour.

Peu importe pour l’heure la personnalité de celle ou de celui qui portera ce rassemblement, qui assumera la responsabilité de cette tâche. L'essentiel est qu'elle soit accomplie et seules nos valeurs sont, aujourd’hui, en capacité d’incarner le changement. De l’incarner jusqu’à la réconciliation.

Tel me semble être l’enjeu d’un changement qui ne doit pas être que programmatique. Réduire les inégalités sociales, affirmer l'intérêt public par rapport aux intérêts particuliers, assurer l’avenir de nos concitoyens, améliorer l'action publique : personne ne peut prétendre résoudre seule la crise morale, économique et sociale que traverse aujourd'hui notre pays.

Nous aurons besoin du plus grand nombre. Pour tenir nos engagements, nous aurons besoin de rompre avec les pratiques actuelles avec un système, avec un homme qui voulait en 2007 moraliser la vie publique et qui n’aura réussi qu’à démoraliser le Français. Réconcilier les Français : quel plus bel engagement pour le mandat qui vient ? Quelle plus belle perspective pour le temps présent alors que le mandat qui s’achève voit chaque jour davantage le Président d’une République divisée incapable de rassembler son propre camp. Réconcilier les Français : dans la nécessaire hiérarchisation de projet, voilà une priorité politique. Un choix de société. Une ambition présidentielle.

Alors qu’aujourd’hui, tout est fait pour opposer les Français, le cadre et l’employé, l’employé et l’ouvrier, l’ouvrier et le chômeur, si sur la base de nos engagements, et si, à partir de nos choix politiques, nous sommes en mesure d’abord de jeter les bases de la réconciliation nationale, alors, nous créerons un formidable élan. Réconcilier pour gagner, gagner pour réformer, réformer pour partager : ainsi, nous réconcilierons les Français avec la République, avec la Démocratie et, finalement, avec eux-mêmes. 

Nous réconcilier avec les Français pour mieux réconcilier les Français : voilà l’engagement que nous devons porter. C’est la fondation de notre avenir commun. C’est, aussi, l’une des conditions de notre victoire ».