LES PASSIONNÉS DE CHEVAUX DU NORD NE VEULENT PAS TIRER UN TRAIT SUR UNE RACE MENACÉE.
Originaire de Flandres et du Hainaut, le Syndicat d’élevage du Trait du Nord fêtera l’an prochain son 110e anniversaire. Cependant, l’avenir de la race reste incertain. L’animal conserve certes ses qualités de courage et de robustesse, mais son utilisation devient de plus en plus restreinte. A l’image de ses débouchés. La révolution industrielle est passée par là et la place du cheval n’est plus la même. « Sur le secteur, constate amer Guy Marcoux, éleveur à Effry, il ne reste plus que deux boucheries chevalines et lorsqu’un poulain ne peut être utilisé, nous n’avons plus le choix. Faute de quoi, nous le gardons, mais nous ne mettons plus de jument à pouliner ». Plus grave, la réforme des haras fait planer une menace sur les indispensables étalons jusqu’alors jalousement conservé pour préserver les caractéristiques inscrites au « Stud book ».
« En 2014, c’est terminé, s’inquiète Yves Spriet, le Président du Syndicat national des éleveurs, présent à Origny-en-Thiérache pour l’assemblée générale de l’association thiérachienne. Le privé prendra le relais. Si toutefois, il y trouve une rentabilité ». Malgré tout, à la tête d’une vingtaine de passionnés, André Bart ne baisse pas les bras. Il veut encore y croire et s’accroche à la lueur d’espoir entretenue par les 111 poulains nés en 2011 contre 55 l’année précédente. L’embellie demeure cependant fragile.
Le Conseil régional Nord-Pas-de-Calais soutient la démarche des éleveurs. Celui de Picardie s’y intéresse. Un pôle « Trait du Nord » existe à St Amand-les-Eaux et en Thiérache, deux vitrines existent encore : à Hirson, lors de la Foire de Sainte Catherine et de la Foire aux fromages, mais pour la manifestation de La Capelle, la diminution de l’aide accordée aux propriétaires les conduit à n’être plus présent qu’une journée au lieu de deux.
Alors qu’à Hazebrouck, les ordures ménagères sont désormais ramassées par une voiture à … cheval, Jean-Jacques Thomas est, pour sa part, revenu sur l’intérêt économique du débardage avec des Traits du Nord dont la maniabilité est reconnue. « De manière à préserver nos chemins forestiers, il nous faut étudier cette possibilité. Elle n’a rien d’utopique ». Christelle Maes va donc provoquer une réunion de travail avec l’ONF. Une certitude, toutes les pistes sont bonnes. Il y a, du reste, urgence à les explorer … au galop.