PATRIMOINE HIRSONNAIS : LYCÉE, MAISON DE RETRAITE, HLM, ÉCOLES ET VILLAS : L’URBANISME MODERNISTE DE RAYMOND FISCHER.
Bien sûr, il fut le Maire d’Hirson de la reconstruction, dès 1958, l'homme du rapprochement avec l'Allemagne et Schramberg (notre photo). Vice-Président du Conseil général, Raymond Fischer demeure d’abord un bâtisseur remarquable et remarqué.
« Comptant parmi les rares architectes français à avoir rejoint dans les années 1920 les rangs de l'avant-garde la plus radicale, explique l’Encyclopædia Universalis, Raymond Fischer fut à la fois un ardent polémiste et un artiste inspiré. La poursuite d'une carrière plus conventionnelle, à partir de la reconstruction et jusqu'à sa cessation d'activité dans les années 1960, masque l’originalité de son apport aux années héroïques du mouvement moderne en France ». En effet, aujourd’hui encore, de nombreux Hirsonnais ignorent son apport dans la ville dont il fut le Maire de 1947 à 1965 et Conseiller général, de 1937 à 1964.
En 2005, dans « L’Express », sous le titre « Derrière l’empire Chanel, le roman d’Eliane (Fischer) », Bruno Abescat et Yves Stavridès évoque très largement la vie de celui qui se distingua dans le maquis du Vercors et, dès 1941, dans le groupe « Combat », d’Henry Fresnais, sous le pseudonyme d’Elie Giboin. « Un héros, un vrai » commentent les deux journalistes (ici, le 14 juillet 1936 à Hirson, place Victor Hugo, troisième, au premier rang, à droite de la petite fille au chapeau blanc).
L’architecte se distingue, quant à lui, dans la reconstruction de Montauban, ravagée par les inondations. A l’époque, il milite aux côtés de Le Corbusier pour « L’architecture d’aujourd’hui ». Dans ses « Recherches sur l’architecte », l’historien de l’art Pierre-Yves Brest salue sa volonté de transformer Hirson, « usant volontiers de ses relations personnelles et politiques, les ministres Eugène Claudius-Petit, Henry Fresnay, André Marie, pour obtenir les meilleurs appuis dans l’œuvre de reconstruction ».
Désireux de faire d’Hirson en une cité « moderne, salubre, aérée et verte », il s’entoure d’architectes parisiens de sa mouvance conceptuelle, tels André Croizé, architecte de l’immeuble « Védé », ou Méjean et Cabet, pour élever des bâtiments publics innovants : HLM de neuf étages sur pilotis rue Léon Blum et groupe scolaire Jean Zay.
Raymond Fischer dote également la ville d’un nouvel hôpital, d’une maison de retraite, d’écoles, d’immeubles collectifs et, bien évidemment, en 1964, de la cité scolaire Joliot-Curie. Il dresse encore les plans de plusieurs maisons individuelles – telles en 1959 la villa, 31, rue du Hautbert ou en 1964 celle du 143, rue Charles De Gaulle – mais, également, de logements capables d’apporter une réponse sociale aux besoins de l’époque.
Bref, ce petit homme qui ressemblait à Pierre-Mendès France dont il était proche, grand-père des dirigeants actuels du groupe Chanel, aura permis à Hirson d’entrer dans la modernité, donnant à l’urbanisme une dimension sociale et politique. Méconnu, le patrimoine qu’il a légué à la Ville d’Hirson n’en n’est pas moins d’envergure.