ENFANT DE « CHARLIE HEBDO », BERNARD VILAIN PRÉFÈRE TOUJOURS LE CRI DU CŒUR A LA LANGUE DE BOIS.

Cette année, toutes les cérémonies des vœux sont particulières. Habituellement, elle constitue, la première occasion de se rassembler. Cette année, elles vont plus loin. La France a été attaquée dans ce qu’elle a de plus cher : la liberté de s’exprimer, la liberté de vivre ensemble avec ses différences. Dix-sept personnes ont été assassinées. Un assassinat programmé parce qu’elles représentaient, pour les unes, la liberté d’expression, pour d’autres, les forces de l’ordre chargées de protéger la République, pour d’autres encore, parce qu’elles étaient juives.

Hier soir, lors de la traditionnelle cérémonie des vœux au personnel et au Maire, Directeur général des Services, Bernard Vilain a rappelé à son auditoire que son indignation, elle aussi, est vive. « Notre douleur, ajoute-t-il, est collective. Mais notre idéal n’est pas atteint. Car, ces derniers jours, la République s’est levée. Unie, forte, rassemblée. Des millions de personnes ont pensé, ont clamé «  Je suis Charlie ».

Rappelant que dimanche, comme au siècle des Lumières, la France a été au cœur de l’Humanité avec ses valeurs universelles de liberté, d’égalité et de fraternité, il ajoute « la République admet toutes les religions. Elle rejette tous les extrémismes. Elle diffuse la lumière de la pensée, face à l’obscurantisme des fanatiques ». Toutefois, lucide, il précise : « La République est un combat. Elle ne va pas de soi. Des femmes et des hommes ont perdu leur vie pour la conquérir ou pour la sauver. Ainsi, je n’oublie pas qu’entre 1940 et 1944, ce n’est pas si vieux, la République a failli, sous l’assaut d’un pouvoir dictatorial, issu de l’extrême-droite. N’oubliez pas ». 

Pour lui, « sans faiblesse et sans renoncement, nous pourrons vaincre l’obscurantisme. Au-delà de la fermeté nécessaire envers les terroristes, nous vaincrons surtout par l’éducation, par la connaissance, par le retour en force des valeurs républicaines dans tous les quartiers et dans tous les esprits ». Dans une intervention plus personnelle, le Directeur général des Services municipaux le clama haut et fort : « Charlie, la vie continue. Ton combat continue. Contre les cons, les racistes, les intégristes de tout poil. Avec le professeur Choron, disparu il y a dix ans, avec Cavanna, parti l’année dernière, un seul cri nous rallie : Hara-Kiri. Hara-Kiri, contre la haine. Hara-Kiri contre la connerie. Pour votre liberté,  pour votre impertinence, pour votre joie de vivre, merci Charlie. Et à bientôt ». Puis s’excusant presque auprès de Jean-Jacques Thomas, il ajouta : « J’ai toujours préféré le cri du cœur à la langue de bois ». Une précision unanimement applaudie.