POUR LA PREMIÈRE DU CANCRE, BERNARD CROMBLEY ET DANIEL PENNAC AU TABLEAU D’HONNEUR.
La solitude du cancre peut-elle se rapprocher de celle du prof ? Une certitude, Bernard Crombley et Daniel Pennac se ressemble au propre comme au figuré. Tous deux connurent les pire difficultés en classe. « J’étais un mauvais élève, se souvient l’écrivain. Chaque soir de mon enfance, je rentrais à la maison poursuivi par l’école. Mes carnets disaient la réprobation de mes maîtres. Quand je n’étais pas le dernier de ma classe, c’est que j’en étais l’avant-dernier ». Il en fut de même pour l’acteur, lui aussi le dernier d’une fratrie de quatre enfants, mais, également, en classe, « le vilain petit canard ». Par incapacité d’apprendre. Non. Plutôt par la peur de ne pas comprendre et l’absence de dialogue avec le maître.
Pour cette création – la générale fut donnée à Trappes dans le théâtre de Djamel Debouze – devant une salle comble et un public au diapason, Bernard Crombley signe une superbe adaptation des textes d’un Daniel Pennac venu (et revenu) le voir en Avignon dans « Motobécane », une autre pièce de la Comédie de Picardie, du reste, programmée à Hirson. Ecolier picard, pour son retour à l’Eden, le metteur en scène y place même un clin d’œil avec une tirade à l’accent régional prononcé et, surtout, de superbes reprises du « Parfum », de Patrick Süskind.
Au final, de grands moments d’émotion. Y compris au tomber de rideau où, les yeux brillants, Bernard Crombley remercia des spectateurs conquis par tant d’amour et étonnés que le temps ait passé aussi vite devant ces tranches de vie, leurs propres tranches de vie. De cancre ? En tout cas, d’écolier.