HIRSON PARMI LES ONZE CARRÉS ROUMAINS, TÉMOIGNAGES DES DÉPORTÉS MARTYRS.
A Hirson, les croix alignées et les stèles de pierre témoignent du cataclysme mondial qui allait faucher une génération. Au cœur du cimetière hirsonnais, le monument érigé au lendemain de la Première guerre mondiale porte les noms de deux cent quatre-vingts dix-huit disparus. Tout près de là, sont réunis les corps de 148 Russes. A côté, les Allemands y ont également créé un carré militaire où sont inhumés 1 301 officiers et soldats.
Méconnu, le calvaire de ces hommes dans les camps allemands de la France occupée n’en fut pas moins terrible. Détenus dans des conditions dramatiques par les troupes de Guillaume II, leur captivité fut le plus souvent un enfer. En quatre mois, le nombre de décès de Roumains équivaut à celui des Belges en quatre ans. Du 26 août 1916, date d'entrée en guerre de la Roumanie, au 1er février 1917, 80 000 militaires furent capturés.
Environ 43 000 furent entassés dans des camps en Allemagne avant d’être transférés sur le front ouest et italien pour y travailler comme des forçats. Souvent entassés dans des wagons cadenassés, aux ouvertures garnies de barbelés, torturés par la faim et la soif, après plusieurs jours de voyage, beaucoup expirent pendant avant d’arriver.
Les troupes impériales reprochent aux Roumains d’avoir trahi le camp des Empires centraux. 40 % des prisonniers périront dans les camps, seuls 28 000 pourront rentrer. Transférés dans des Kommandos agricoles, des mines, des usines, ces hommes travaillent dur. Ils sont livrés aux gardiens qui manient sans cesse la schlague ou le bâton. Ils sont affamés et parfois achevés.
Le froid de 1917 fait périr aussi les sous-alimentés par centaines. Ces prisonniers subissent un véritable martyr et plusieurs de leurs bourreaux seront jugés comme criminels de guerre par la République de Weimar. Certains acquittés comme le Docteur Michelson, tortionnaire du camp d’Effry. La France compte onze carrés dans lesquels 2 784 prisonniers roumains sont inhumés. Ils sont 275 à Hirson où la délégation municipale y a rendu, mardi soir, un légitime hommage en même temps que, dans la nuit, retentissait l’hymne roumain.