JEAN-JACQUES THOMAS A EFFRY : « CES BRASSARDS ROUGES, CES BAGNARDS HAGARDS, CES FANTÔMES D’UN AUTRE ÂGE ».
Si 2016 marque le centenaire des batailles de Verdun et de la Somme, avec pour la première 306 000 morts et 442 000 pour la seconde, la seconde année de la Première guerre mondiale devait annoncer la victoire de 1917. « Chacun sait ce qu'il est advenu », rappela Jean-Jacques Thomas, devant la stèle dont, en 1990, avec Pierre Delabre, il avait obtenu la reconstruction. 1917 est, en effet, marquée par « la boucherie du Chemin des Dames », les mutineries liées aux erreurs de commandement et l'ouverture à Effry, d'un lazaret qui n'a d'hôpital que le nom.
Comme chaque année, les autorités locales et départementales, Alain Michel, Maire, Pierre Delabre, Président du Comité de l'ossuaire, Jean-Jacques Thomas, Nicolas Fricoteaux, Président du Conseil départemental, et Dominique Babski, Sous-Préfet, se sont recueillis devant le monument sur lequel sont gravés les noms des victimes russes et roumaines et devant les croix, marquant « la fin d'un tragique voyage pour 681 victimes ».
Les survivants de ce camp furent d’ailleurs découverts, à Trélon, pesant entre 30 et 35 kg. « Déjà marqués d'un matricule et considérés comme des sous-hommes, souligna Jean-Jacques Thomas, ces brassards rouges, ces bagnards hagards, sont, ici, sous nos pieds, fantômes d'un autre âge, squelettes oubliés ».
Durant le terrible hiver en 1917, ils sont jusqu’à 1 600 entassés, sans chauffage, ni électricité, certains nus, couverts de vermine, couchés sur de misérables paillasses montées dans cet immense hangar de 900 m². Cynique, le docteur Michelsohn parle alors de l’étable à cochons. « Oui, affirma encore le Maire d'Hirson, victimes de la même barbarie, de la même folie meurtrière, les déportés d’Effry de 1917 se confondent dans la même souffrance avec les déportés d’autres camps, d’une autre guerre ».