« ON POURRAIT CROIRE QU’ON ENTERRE DES ADOLESCENTS ».
« Deux soldats italiens descendent du siège de la voiture. Puis nous les voyons sortir, un à un, les cadavres enveloppés dans du papier. Afin que celui-ci ne se déchire pas, les soldats les portent à deux. Arrivés à la fosse, un homme, à lui seul, prend le léger fardeau et le range à côté des autres. N’était-ce la longueur des corps, on pourrait croire qu’on enterre des adolescents aux formes menues ». Lors de la veillée départementale d’Effry, Jean-Jacques Thomas a lu le récit d’un témoin oculaire de la mise en terre des cadavres du lazaret. D’abord installé à Chauny puis à Effry, il fut transféré à Trélon.
Depuis 1914, la Thiérache est occupée par l’armée impériale. « Au nom d’une idéologie, de ce que le Reich appelle « l’autre voie », explique Jean-Jacques Thomas, des hommes, des femmes, des enfants ont été exterminés par d’autres hommes. Et ce, dans des souffrances insupportables ». « Ce drame, ajoute le Maire d’Hirson, conceptualise la barbarie humaine ».
D’ajouter : « Cet acharnement à détruire, cette torture quotidienne, cet anéantissement de la nature humaine rappellent d’autres images de corps décharnés, réapparues quelques années plus tard, lors de la seconde guerre mondiale. Cette fois, les arguments raciaux dépassent un nationalisme déjà exacerbé. Effry démontre que l’on ne pouvait pas dire que l’on ne savait pas ».