SPARADRAP DES TEMPS MODERNES, LES FÂCHEUX N'ONT PAS VIEILLI.
Quasiment tombée dans l’oubli, jouée 106 fois de son vivant, cette pièce de Molière fut l’une de ses comédies les plus populaires. Il est vrai que les Fâcheux, œuvre à la fois satirique et burlesque, met en scène des personnages bien connus. L’histoire veut même que Louis XIV en prenant connaissance du manuscrit fit ajouter la scène du chasseur. Un morceau choisi interprété avec talent par Elya Birman, par ailleurs metteur en scène de cette nouvelle adaptation proposée au calendrier de la Comédie de Picardie. Les Fâcheux n’ont pas vieilli.
« Nous sommes tous des Eraste » précisa en substance Jean-Jacques Thomas avant une performance scénique au cours de laquelle, Elya Birman interprète tour à tour, sans respirer, ni temps mort, onze personnages en plus du sien tandis que Clémentine Niewdanski se glisse dans la peau de trois dont Orphise. Avec Jean-Paul Bezzina, le trio dépoussière le cadre de cette pièce jouée pour la première fois en 1661.
Depuis, chacun est importuné par un ou plusieurs fâcheux, sparadrap des temps modernes. Alcidor, Lysandre, Alcandre ou Alcippe ont, simplement, changé de prénom. Sur la scène de l’Eden, le rythme impulsé et le débit ajoutent à l’énervement du héros face à des précieuses, un joueur, un chasseur, un querelleur, un pédant ou un donneur de leçons. Molière reste un formidable tendeur de miroir.