L’HOMMAGE D’HIRSON A ALFRED LETORET, SERVITEUR DÉVOUÉ, MAIS OUBLIÉ.
Le patrimoine n’est pas seulement un héritage du passé. A bien des égards, il éclaire l’avenir. En 1914, rien ne prédispose Albert Letoret à sortir de son anonymat bancaire, ni de son bureau à l’époque situé à l’angle des rues de Vervins et Charles de Gaulle. Devant la rapide avancée prussienne, l’exode vide Hirson. Le Conseil municipal disparaît. Avant d’être déporté en Allemagne par l’occupant, le notable reste et pendant trois ans, avec la poignée de bénévoles de la Commission municipale présidée par Ernest Lefaix, il gère la ville ou ce qu’il en reste. Chaque jour, il pare au plus pressé, sauve les vies de ses compatriotes privés de nourriture. Il se dévoue et préserve ce qui peut encore l’être.
Voici un siècle, en novembre 1918, Hirson est libérée par les soldats africains, mais l’Histoire ne retient que l’arrivée du 412e régiment du Général Debeney. Albert Letoret retombe alors dans l’anonymat, sans recevoir l’une des médailles généreusement distribuées, ni même une reconnaissance méritée. Dans le cadre du Centenaire, Hirson veut réparer cet oubli. « Figure d’un patrimoine commun, explique Jean-Jacques Thomas, ce serviteur mérite bien de sortir de l’anonymat à l’image des souffrances endurées par les populations occupées, gommées par les défilés du 11 novembre ; des déchirements des veuves, des orphelins et des mutilés couverts par les flonflons de la victoire ». D’ajouter : « En septembre, Hirson se souviendra. Avec humilité, reconnaissance et respect. Tant qu’il est vrai que chacune des croix de nos cimetières recouvre une Histoire universelle ».