LA PETITE HISTOIRE DES CHANSONS DE LA GRANDE GUERRE.
Avec humour et amour, sous l’œil vigilant de la censure, elles avaient pour mission de soutenir le moral des troupes engluées dans les tranches. La valse bleu (horizon) était destinée à faire frissonner les soldats. De même, des succès comme « Sous les ponts de Paris » sont repris et adaptés pour devenir « Aux abords de Lagny, lorsque descend la nuit ». « Ma Tonkinoise », de Vincent Scotto, devient « Ma Petite Nini » en référence à la mitrailleuse chérie.
Tout aussi populaire, « Le pinard », « la vinasse qui réchauffe là où ça passe » est reprise par les hommes qui trouvent le plaisir dans ces rares moments partagés un quart à la main. Parfois empreint de nostalgie tel « Le Noël des enfants qui n’ont pas de maison » ; « A nos morts ignorés » ou « Le tombeau du Couperin », signé par Maurice Ravel lui-même, transcendent, eux, la douleur et le chagrin des militaires.
Parmi le répertoire repris samedi après-midi dans le cadre des commémorations hirsonnaises du Centenaire, Françoise Krief, Frédéric Bang-Rouet et Alexandre Peigne, à l’accordéon, n’ont, évidemment, pas oublié « La chanson de Craonne », hymne pacifique du Chemin des Dames, longtemps interdite même après-guerre. Jugée subversive, elle éclaire, aujourd’hui, ces sacrifiés oubliés.