NOËL GENTEUR, LA VOIX DU CHEMIN DES DAMES, DEVENU MÉMOCULTEUR DE L’HISTOIRE.
Il a remis sa petite ferme à sa fille. Il se consacre un peu plus à l’écriture et répond plus encore aux (nombreuses) demandes de conférences. Aux quatre coins de l’Hexagone et, évidemment, dans son jardin du Chemin des dames, là où ne séchera jamais « le sang des copains », Noël Genteur refuse que l’Histoire reste l’affaire des seuls historiens. « Elle appartient, dit-il à tout individu digne de ce nom ».
A Hirson où il a retrouvé son ami Jean-Jacques Thomas, le « mémoculteur » comme aime à le qualifier, l’historien Charles Heimberg, continue à exhumer de la terre ensanglantée des témoignages, comme celui de Julien, 104 ans, rencontré quelques mois avant sa mort, pour mieux expliquer la guerre, sortirent des sentiers battus du patriotisme pour redonner la parole à ceux qui, traumatisés, ne parvenaient plus à s’exprimer. « Vous ne pouvez pas comprendre » disaient-ils, avant que les larmes du souvenir et des combats n’inondent leur visage.
Ils ne sont plus là et, comme beaucoup auraient aimé qu’ils le fassent, Noël Genteur explique la guerre économique, ses ressorts et ses manipulations d’État, réfutant la haine entre les combattants entretenus par la propagande, expliquant, comment au fil des ans « le soldat perd son titre de citoyen et comment la République peut devenir un danger pour la démocratie ». Sans doute est-ce pour cela qu’à la devise « Liberté, Égalité, Fraternité », il lui préfère « Liberté, Équité, Solidarité ». Une certitude, comme à Hirson, sa parole sera toujours libre.