« Il pleut lentement. Il fait froid. Des rafales passent lentement, venant des Cévennes. Mon cœur se fend en pensant à̀ mes amis qui souffrent pour hâter la victoire. Il pleut ». Dans les averses intermittentes du cimetière de Besmont, les vers de Guillaume Apollinaire, décédé le 9 novembre 1918, voici quasiment un siècle jour pour jour, prennent tout leur sens. Dans ce village de 166 habitants, 14 soldats de la commune ont perdu la vie entre 1914 et 1918. La terrible hécatombe n’aura épargné aucune commune. Les monuments aux morts en témoignent.
Devant celui de Besmont, à l’issue de discours des élus, les choristes du Conservatoire hirsonnais ont donné le ton de ce centième anniversaire. « Huit jours de tranchées, huit jours de souffrance. Pourtant on a l’espérance que ce soir viendra la r’lève ». Sans doute, un peu plus dans le Département, longtemps interdite, la chanson de Craonne est désormais, à jamais, entrée dans l’ADN de la Première guerre et dans celle l’Aisne. Avec les choristes de Colette Chirez, l’émotion était palpable. Tout autant lorsqu’en clôture, l’hymne européen rappela que « tous les hommes sont des frères, c’est la seule vérité ».