JEAN-JACQUES THOMAS : « ILS N’ÉTAIENT PAS SOLDATS. ILS LE SONT DEVENUS ».
A l’heure du bilan, la Première guerre mondiale laisse derrière elle plus de 40 millions de militaires et de civils marqués par cette boucherie que le film de Peter Jackson « Pour les soldats tombés » sorti cet été sur les écrans français illustre avec réalisme. Les noms de vingt millions de morts figurent sur les monuments. Vingt et un millions de blessés et de gueules cassées peineront à renouer le fil d’une vie à jamais coupée. Les alliés perdent cinq millions de militaires et les Empires centraux près de 4 millions.
Lors d’une cérémonie emplie d’émotions, après avoir fleuri le monument hirsonnais dédié à la paix en compagnie de deux enfants, de Sonia Hasni, Sous-Préfète de Vervins ; Jean-Louis Bricout, Député ; Nelly Janier-Dubry, Conseillère régionale ; Bruno Alessandri et Bernard Béghuin, représentant le Comité d’entente patriotique, Jean-Jacques Thomas est revenu sur cette génération sacrifiée.
« Beaucoup, expliqua-t-il, pensaient livrer une guerre civilisée. Une guerre n’est jamais civilisée. Certains de ces jeunes hommes se sont engagés à 16 et 17 ans, formant une foule hétéroclite, pas encore une armée. Ils n’étaient pas soldats. Ils le sont devenus. Beaucoup ont menti sur leur âge pour s’engager. Ils ne savaient pas qu’on allait leur voler leur jeunesse.
La majorité d’entre eux n’avaient jamais vu de cadavres. Au chemin des Dames, à une soixantaine de kilomètres d’ici, face au Plateau de Californie, ils allaient pourtant marcher sur les corps déchiquetés de leurs camarades. Même entourés avoue l’un des soldats du film de Peter Jackson, « on se sentait terriblement seul. Mourir pour un mètre de tranchée, pour un boyau. Mourir sur les bords de l’Aisne. Mourir dans un champ de ruines, dans la boue et le sang ».