A 75 ans, Robert Linhart avait prévu d’être à Hirson pour assister à la première de sa pièce « L’établi » dans une usine, en l’occurrence, les anciennes aciéries d’Hirson. Alors qu’il sortait de moins en moins, l'homme avait accepté de se déplacer en Thiérache. Clin d’œil de l’Histoire, la grève des trains empêcha le sociologue et philosophe français d'arriver rue de Lorraine. Ancien élève du lycée Louis-le-Grand et de l'École normale supérieure, Docteur d'État en sociologie, il fut maître de conférences au département de philosophie de l'université de Paris VIII. Sa fresque politique appartient désormais au patrimoine ouvrier.
Dans des locaux chers au cœur des Hirsonnais et, en particulier, de Jean-Jacques Thomas qui y débuta sa vie professionnelle en tant qu’apprenti ajusteur, le metteur en scène Olivier Mellor donna vie au récit de intellectuel employé comme ouvrier dans une usine Citroën en 1968. La force du texte n’a d’égal que son caractère historique donné par le fondateur du mouvement maoïste en France et le rythme insoutenable des productions de l'époque.
Intitulé « Étudiants solidaires des travailleurs en lutte », cinquante ans plus tard, l’un des tracts distribué dans la pièce résonnait d’un écho particulier. « Cette nuit, le pouvoir a, de nouveau usé de la violence pour réprimer les manifestations de solidarité envers les travailleurs. Résultat : deux camarades blessés. (…) A Javel, les travailleurs luttent pour la satisfaction de leurs revendications essentielles : augmentation des salaires, retour aux 40 heures sans diminution de salaire, abrogation des ordonnances sur la Sécurité Sociales, abaissement de l’âge de la retraite ».