L'ÉTABLI ACIÉRIES 2019 poignée de mains ouvrierOuvertes en 1882, les Aciéries d’Hirson ne passeront pas le cap du siècle. Rachetée quelques années plus tôt par les Aciéries de Paris et d’Outreau (APO), ce qui constitua « le fleuron » de la sidérurgie axonaise ferme définitivement ses portes en 1979. La veille de Noël, les 1 025 salariés des APO reçoivent leur lettre de licenciement. A Hirson, ils seront 450 à être jetés dehors. Apprenti ajusteur rue de Lorraine, Jean-Jacques Thomas n’a rien oublié de cette fermeture. Son père faisait partie de la charrette. Il décédera en 1991 sans avoir retrouvé de travail.

L'ÉTABLI ACIÉRIES 2019 salutDans l’atelier d’usinage, fraiseur, Didier Devaux et Jean Bouillard, traceur, connaîtront, également, la fin de l’usine. Pour la pièce « L’établi » mis en scène par Olivier Mellor d’après le livre de Robert Linhart, figurants dans l’usine qu’ils ont connu en activité, les trois hommes ont enfilé un bleu de travail. Auparavant, ils avaient évoqué le souvenir des ouvriers, français et étrangers, passés par le rue de Lorraine. Beaucoup ont disparu. Pas leur mémoire.

L'ÉTABLI ACIÉRIES 2019 publicAvant la fresque sociale et politique jouée devant 280 spectateurs réunis malgré le froid et l’inconfort du site, les trois anciens salariés des aciéries ont évoqué ces hommes, souvent de caractère, aimant profondément leur métier, à jamais présent, debout devant les tours, les perceuses, le marbre, les fours, les poches dont coulait le manganèse en fusion, la fonderie, l’expédition ou le moulage.

L'ÉTABLI ACIÉRIES 2019 figurantsQuarante ans plus tard, il s’agissait certes de théâtre, mais ,d’abord et avant tout, de rendre un sens aux mots « camarade », « grève », « lutte », et, pour la première fois, les mettre en lumière dans cette usine encore occupée par des fantômes toujours aussi proches.