FERRAT ET RIMBAUD RÉUNIS SALLE DE L’ÉDEN DANS UNE ODE À LA LIBERTÉ.
Il n'existe pas de hasard. Juste des rendez-vous. Rimbaud et Ferrat réunis par la liberté que tous les deux ont chérie. Quoi de plus naturel ? Même si le chanteur – compositeur et le poète ne se sont, évidemment, jamais rencontrés et si, contrairement à Léo Ferré, Indochine ou Raphaël, l’artiste engagé n’a jamais chanté les textes de son illustre prédécesseur, le spectacle proposé à l’Éden par Véronique Estel, la fille de Christine Sèvres, la première épouse de Jean Ferrat, coule finalement de source.
Confrontés tous deux à la censure, leurs textes rappellent que l’un et l’autre n’écrivent ou ne chantent pas pour passer le temps. De même, la partie du discours prononcé au banquet républicain d’Antraigues, en 1997, et repris salle de l’Eden rappelle qu’à l’époque, déjà, « 10 % de (mes) concitoyens votent pour le contraire des idées de justice, de solidarité, de fraternité, l’essence même de notre histoire et de la civilisation ». Sans doute ce rappel s’avère-t-il nécessaire lorsque Ferrat réaffirme qu’il ne se « résout pas au projet, à l’exclusion, à la haine, à la bêtise de désespoir ».
Tout aussi émouvante, également mise en musique par le trio Arcadeus, est la lettre de Rimbaud écrit en 1871, 20 ans avant sa mort, à Georges Izambard, son professeur de rhétorique, dans laquelle il crie « Je veux être poète ». Il le fut et le reste. Comme Ferrat est incomparable. Comme leur présence à Hirson souligne l’indispensable diversité d’une saison culturelle sans frontière.