
« Montréal est aujourd'hui devenue l'une des cinq villes au monde où la création musicale est la plus effervescente. Ainsi, alors qu'au Texas, le Festival d'Austin était essentiellement ouvert aux artistes américains, cette année trente groupes québécois y sont programmés » Alain Brunet, l'une des signatures des plus connues du quotidien « La Presse » est le plus à même d'évoquer l'éclosion des talents de sa province.
Aussi, lorsqu'il évoque la « relève picarde qui se téléporte de ce côté de la flaque pour y suggérer des sons prometteurs », l'escale de « Picardie Mouv » outre atlantique n'est donc pas passée inaperçue.
Mustapha Terki et Frédéric Sannier, les deux chevilles ouvrières du Festival affichaient, cette nuit, un large sourire au terme de ce pari un peu fou qui voulait que dans un pays certes francophone, mais qui exporte nombre de ses artistes, des Picards puissent figurer à l'affiche d'une salle du boulevard Saint-Laurent.

Le « Divan Orange » était, du reste comble lorsque du haut de son quart de siècle, Émilie Proulx susurra au public des mots jusque-là éparpillés, des chansons lentes et réflectives, quelque part entre le post-rock et folk. Son atmosphère intime et imagée, parfois hypnotise, mais se goûte comme un bonbon un tantinet sucré, justement tiré de son premier album labellisé « La Confiserie ».
UN ZEKO RETROUVÉ, UNE MADEMOISELLE OLIVIER REVÉLÉE

D'atmosphère, il en fut également question avec le Chaunois Thomas Zelko, révélé par les « Lundis découvertes » de l'ASSECARM.
Et avec sa gueule d'atmosphère, ce Zelko retrouvé, plus libre et plus percutant, emmena tour à tour les spectateurs dans sa banlieue natale, dans son appart d'où il pose un regard acerbe sur le quotidien.
Ses histoires d'amour ne sentent pas la guimauve. Ses textes résonnent même comme du béton et sa musique n'eut aucune peine à faire fondre la neige québécoise.

Et le « Divan orange » chavira. Costume faussement militaire pour lui, mini-robe faussement ingénue pour elle, Mademoiselle Olivier déménagea vraiment. D'ailleurs, son (vrai) rappel témoigne du reste combien ce duo « talk-over » teinté d'électro-pop et de rock réussit à toucher la salle, mieux à la « téléporter » dans une ambiance musicale colorée et furieusement décalée.
PHILIPPE B. EN VEDETTE
Tout était donc prêt pour l'enfant du pays dont le premier album éponyme s'est retrouvé sur le top 10 des disques 2005, dans le top 10 des meilleurs concerts, et dont le titre « Archipels » figurait dans le top 3 des meilleures chansons pop franco du « Voir ».

Philippe B. revisite le folk avec ses guitares acoustiques, une contrebasse et un harmonica qui côtoient synthés, boîtes à rythmes et samples.
Différent, mais tellement complémentaire des trois artistes précédents, ses chansons nocturnes, intimistes, faites de souvenirs et de solitudes, de voyage ou d'appartement trouvent un public de plus en plus nombreux. A tel point, que la France l'attend et que « Picardie Mouv » pourrait également l'accueillir en octobre … de l'autre côté de la flaque !

C'est même le quatuor Sannier-Reuter-Thomas-Terki, ici unis comme les … huit doigts de la main qui le dit !