
Devant le tollé suscité par la proposition de son Directeur, le Conseil d'administration de la Caisse nationale d'assurance maladie a donc fait machine arrière. Il est vrai que dans un contexte de régression du pouvoir d'achat, le principe même des déremboursements des médicaments frisait la provocation.
Aussi inacceptable qu'inefficace, le plan d'économies de trois milliards proposé passait, en effet, par une baisse de 100 % à 35 % du remboursement des médicaments à vignette bleue. Ces traitements qualifiés (à tort) de confort accompagnent, en effet, le plus souvent des thérapies lourdes, comme les calmants prescrits aux patients en phase terminale.
Voilà donc le malade une nouvelle fois contraint de s'adresser à sa mutuelle - à condition qu'il en possède une - ou de se tourner vers une assurance privée, s'il peut bien évidemment la financer.
L'annonce a d'abord suscité l'incrédibilité puis la colère de millions de Français touchés par le cancer, le diabète ou le Sida. Outre le fait de culpabiliser un peu plus ces patients, la mesure aurait induit une moindre prise en charge puis débouché sur une diminution des soins et donc, à terme, sur de nouvelles complications. Où était l'économie ?
Si Roselyne Bachelot juge immoral le déficit de la Sécu, comment qualifier les déclarations de son Directeur ? Bien sûr, le Gouvernement n'est pas responsable de l'annonce. Cependant, elle s'inscrit dans une logique libérale. Il est tellement facile de prendre l'argent dans les poches d'un malade, de limiter, comme cela est également préconisé, les prescriptions de transport en ambulance et les arrêts maladies.
Alors, ce ballon d'essai ne préfigure-t-il pas une préparation de l'opinion publique à un désengagement supplémentaire de l'Etat ? En tout cas, après la multiplication des forfaits et des franchises, les plus démunis auraient été les premiers touchés et les derniers à pouvoir se soigner.
Pendant ce temps, la revalorisation de 2,5 % des allocations chômage, inférieure à une inflation estimée à 3,2 %, est cependant passée inaperçue ou presque.
Décidément, avec ce Gouvernement, le pire est (effectivement) possible !