
Aussi sûr que n'importe quel baromètre, le congrès des Maires indique avec précision l'état d'esprit des élus locaux. Réunis à Paris, les représentants des collectivités locales - toute tendance politique confondue - prédisent plutôt un prochain avis de tempête que l'arrivée d'un anti-cyclone.
Du reste, François Fillon a d'entrée déclenché une bronca à la seule évocation d'un service minimum d'accueil inapplicable, mais que le Gouvernement a pourtant imposé aux maires lors d'une grève dans des écoles qu'ils défendent et qu'ils modernisent.
Le mécontentement n'est du reste pas retombé lorsque Nicolas Sarkozy - fidèle il est vrai à sa méthode du bouc émissaire - a dressé un étonnant parallèle entre les dépenses publiques des communes et la délocalisation des entreprises.
Le nombre de chômeurs a progressé de 46 900 en octobre, soit le huitième mois d'augmentation depuis le début de l'année. Le cap symbolique des deux millions de demandeurs d'emplois vient d'être refranchi. Est-ce pour autant la faute des Maires, des Présidents des Communautés de communes, de Conseils généraux et régionaux ?
Publiquement dénoncés par l'Association des Maires de France, les transferts permanents de charge de l'Etat vers les collectivités territoriales pèseront sur leurs capacités d'investissement. Ils réduiront de fait leur capacité à financer les services publics locaux et les conduiront à différer, voire à abandonner, des programmes de travaux.
Pourtant, la récession oblige à rechercher les voies de la croissance, à laquelle les collectivités territoriales contribuent de manière significative en assurant, à elles seules, 75 % de l'investissement public.
Qui peut, en effet, raisonnablement penser que l'Etat pourra seul surmonter la crise qui frappe le pays ? Voilà pourquoi, l'ensemble des Maires invite solennellement le Gouvernement à mettre « fin aux transferts de charges insidieux et non compensés, à recréer les conditions d'une nouvelle relation de confiance, aujourd'hui affectée ». Notamment dans le cadre d'une « réforme urgente et ambitieuse de la fiscalité locale ».
Bref, les élus locaux apprécient peu cette fête des Maires qu'ils n'ont pas souhaité !