DES MOTS, RIEN QUE DES MAUX !

Impayable Jacques Chirac ! Le voilà en fin de mandat à se payer de mots (doux) et à évoquer l’avenir comme si son second quinquennat n’était qu’une aimable parenthèse législative. Ainsi, fidèle à son habitude, dans son intervention au Conseil économique et social, le Président de la République reprend, avec un plaisir gourmand, le mot de réforme, essentielle selon lui, pour résorber une fracture sociale qu’il avait si adroitement mise en scène en 1995… avant de la vider totalement de sa substance. Avec les mêmes accents que lors de sa première campagne, devant les 200 conseillers du CES, il a notamment appelé à la mise en œuvre d’une sécurité sociale professionnelle … sans rien annoncer qui soit de nature à réduire la précarité, qu’il s’agisse des conditions de travail, de la multiplication des contrats à durée déterminée ou des bas salaires. Comme si de rien n’était, il a même annoncé le principe d’une consultation obligatoire des partenaires sociaux avant toute réforme du Code du travail, alors que cette règle était déjà… inscrite dans la loi Filon de mai 2004. Certes, le Gouvernement ne l’a jamais respectée. Ni lors de la création du CNE, encore moins au moment du CPE, ni lors de la remise en cause des 35 heures. Il est vrai que pour Jacques Chirac, les discours et les actes divergent depuis tellement longtemps… D’ailleurs, la question primordiale de la rénovation de la représentativité syndicale et donc, de la place des organisations syndicales dans les petites et moyennes entreprises ne figurera pas dans le projet de loi à venir. De plus, le Président de la République semble ignorer que son Gouvernement utilise actuellement le projet de loi sur l’actionnariat salarié pour remettre en cause le droit du travail… sans que jamais les partenaires sociaux n’aient été saisis. Enfin, privilégier dans les discours la négociation ne l’empêche nullement de bloquer depuis quatre ans l’extension d’un accord pourtant signé par les représentants de 800 000 entreprises artisanales. Décidément, entre ce qu’il dit et ce qu’il ne fait pas, Jacques Chirac reste vraiment sourd au… dialogue social !