SERVICE MINIMUM, EFFET MAXIMUM ?

Le Service minimum dans les transports ne constitue-t-il pas un leurre ? De toute évidence, la grève ne représente pas la première cause des retards et des perturbations. En effet, 90 % des problèmes sont d'abord occasionnés par des incidents techniques. Le récent arrêt du TGV en témoigne. Outre le fait qu'en termes de droits constitutionnels, aucune hiérarchisation ne saurait exister entre la liberté de circulation et le droit de grève, la déclaration préalable constitue toujours un élément d'alerte. De plus, fallait-il une loi pour que les jours de grève ne soient pas payés ? Cela signifierait donc qu'ils l'étaient jusqu'à présent ? Au-delà de ces deux questions, une troisième s'impose. Le texte déposé devant le Parlement ne constitue-t-il pas d'abord un moyen supplémentaire de prévenir puis d'endiguer de futurs mouvements de mécontentements, notamment sur les réformes annoncées des régimes spéciaux de retraite. Par ailleurs, le service minimum dans les transports n'est-il pas le cheval de Troie libéral qui, demain, s'appliquera dans le domaine de l'éducation. Sous prétexte de continuité du service se déploie finalement une stratégie de stigmatisation générale de la fonction publique. Dans ces conditions, comment ne pas dénoncer une politique qui amènera à dresser les salariés les uns contre les autres et à tenter d'imposer des choix politiques contestables sous prétexte de responsabilités individuelles. Qu'il s'agisse des transports publics ou de l'Education nationale, en essayant de faire croire que les agents sont les premiers responsables des difficultés rencontrées, le Gouvernement cherche, en fait, à masquer une certaine incurie. Les 17 000 suppressions de postes annoncées à la rentrée dans l'Education nationale et le désengagement de l'Etat de l'investissement dans les transports publics et les infrastructures ne sauraient, en effet, être rejetés sur les personnels. A moins que le service minimum n'ait pour seul objectif qu'un effet de coercition maximum.