ETRE POLITIQUEMENT INCORRECT, AVOIR SOCIALEMENT RAISON !

A quoi sert l’opposition ? A s’opposer ? L’évidence est telle que le Président de la République lui-même entend lui donner un statut comme pour mieux la confiner dans un rôle qui, de fait, lui assurerait le leadership majoritaire.

Pour autant, dans un contexte où l’état de grâce bénéficie toujours au vainqueur d’une élection, l’opposition doit se garder autant d’elle-même que se méfier d’un Président dont l’opportunisme l’autorise même à choisir qui, dans l’opposition, peut justement prétendre au statut promis.

Bien sûr, l’opposition s’oppose. C’est son rôle. Cela devient cependant un devoir lorsque la récente loi habilement intitulée : « Travail, Emploi, Pouvoir d’achat » permet à moins de 1 000 contribuables de se faire rembourser 250 millions d’euros, lorsqu’avec la disparition de l’impôt sur la fortune, l’Etat renonce à six milliards d’euros de recettes.

Est-ce là le prix (fort) à payer pour redonner confiance aux investisseurs ? L’avenir le dira. En attendant, ces cadeaux fiscaux ne bénéficient qu’aux plus fortunés, à ceux qui n’ont jamais eu besoin de travailler plus pour gagner plus.

L’opposition s’oppose, et plusieurs millions de français lui en sauront gré.

En effet, un article de la loi de finances allait entraîner pour les ménages les plus modestes une hausse de 25 % de leur taxe d’habitation. Au seul profit de l’Etat !

Un comble lorsque le nouveau bouclier fiscal exonère les revenus les plus élevés. Une ineptie économique lorsque le Gouvernement prétend relancer la croissance. Une injustice flagrante, enfin, pour les salariés en emploi précaire, les petits revenus, les retraités ; bref, celles et ceux qui, jusqu’à présent, en fonction de leurs ressources, obtenaient un dégrèvement.

Certes, le Ministre du Budget reconnaît le problème, là où l’Association des Maires de France parle, elle, de « hiatus fiscal ».

Voilà pourquoi, les Sénateurs socialistes ont décidé de s’opposer ; et même dans cette période d’omniprésence sarkozienne, de courir le risque d’être politiquement incorrect, mais, heureusement, avec l’assurance d’avoir socialement raison !