DES ROBOTS PLUS PERFORMANTS POUR DES SALARIÉS MIEUX PRÉPARÉS.

« C'est de la solidarité. Pendant qu'une trentaine d'entre-nous sont accueillis au sein des modules de formation, ils libèrent la place pour que les 220 autres salariés puissent, eux, travailler ». Exposé par l'un des ouvriers réunis dans une salle municipale, le principe semble simple, voire simpliste. Encore fallait-il le mettre en œuvre et, surtout, le financer. A l'origine, Didier Devaux, Secrétaire de l'U.L. CGT, a pris son bâton de pèlerin syndical pour, d'abord, rencontrer Jean-Jacques Thomas puis convaincre Claude Gewerc et ses services du bien-fondé de la proposition. Résultat, sur deux ans, 1,1 million d'euros seront consacrés à ce programme officiellement présenté à Saint-Michel, dont 300 000 € de fonds picards, 538 039 € de crédits d'Etat et 242 667 € de mise d'Eberspächer. Désormais mise en œuvre, cette opération-pilote fera sans aucun doute des émules. Il est vrai que la crise de la sous-traitance automobile précipite les choses. Cependant, elle permet de poser également les vraies questions. Aucune vision archaïque en tout cas lorsque les salariés défendent les robots puisqu'il « faut cinq à six personnes pour les faire fonctionner et des personnels de production de plus en plus préparés ». A l'heure d'une mondialisation exacerbée, l'enjeu devient de plus en plus évident. « Non seulement, comme l'explique André Roser (ici avec Claude Gewerc), les usines doivent moderniser leur outil de production - 60 millions d'euros de machines à Saint-Michel - et, dans le même temps, donner la possibilité aux personnels d'évoluer d'autant que la crise accélérant le phénomène, les entreprises qui fermeront ne rouvriront plus ». Cher Eberspächer, l'action du Conseil régional s'est donc révélée déterminante pour des ouvriers majoritairement d'un niveau V et Infra. Plutôt que de recourir au chômage partiel - cher et pénalisant - ou à des cessations brutales d'activité, l'action conjointe de l'entreprise et des partenaires sociaux permet donc de consolider et de sécuriser de véritables parcours professionnels. « L'effet levier » provoqué par Claude Gewerc ne doit cependant pas empêcher l'Etat et l'entreprise d'assumer leurs compétences. Sous-traitante de Renault, PSA, Audi, Mitsubishi notamment, l'usine allemande a subi une première crise en 2005. Elle a donc compris la nécessité de maintenir son unité française à une taille critique en dessous de laquelle elle ne serait plus compétitive. Au total, le plan thiérachien représente un peu plus de 29 000 heures/stagiaires pour un total de 138 salariés formés.