22 LIEUX, 95 SPECTACLES : L'AMBITION CULTURELLE DES TRANS'FRONTALIÈRES, FESTIVAL FRANCO-BELGE FÉCOND.

(Photo Maxime Ruiz) Avec Maurane, les Fatals Picards, l'Orchestre ou la Comédie de Picardie, artistes reconnus, mais également Mélissmell, Péïo, Paragraff ou Rodrigue, talents naissants, les trois coups de la 14e édition des Trans'frontalières furent frappés jeudi soir dans un théâtre de Fourmies appelé à renaître. Un symbole pour justement marquer la naissance d'une nouvelle saison à la fois dans la continuité de ses devancières sur le principe et, bien évidemment différente dans sa programmation. Entre Louise Barbette, Directrice du Centre culturel belge « Sudhaina » ; et Alain Berteaux, Maire de Fourmies, Jean-Jacques Thomas en appela d'ailleurs à Edgar Morin pour revendiquer « un choix politique d'aménagement culturel du territoire », rappelant au passage les propos du sociologue et philosophe pour qui « la culture est ce qui relie les savoirs et les féconde.» « Oui, continua le Maire d'Hirson, depuis leur création, les Trans' ont généré un mouvement fécond dans des lieux de plus en plus nombreux, 22 cette année, en permettant à tant de spectacles, 95 pour cette nouvelle saison, de rencontrer leurs publics ». Depuis 1996, soutenus par l'Europe et le programme « Interreg », le festival de la Grande Thiérache a ainsi trouvé un équilibre entre création et diffusion avec l'an dernier plus de 19 000 spectateurs. Un succès que Jean-Jacques Thomas justifie au nom « de la démocratisation culturelle », réfutant, par ailleurs, « les idées reçues aussi insidieuses que dangereuses, qui voudraient que la culture ne génère que des spectacles créés avec l'argent des autres, joués au bénéfice de quelques-uns ». Même si, pour l'élu axonais, en s'appuyant sur une interview d'Ariane Mnouchkine, la plupart des Français placent la culture au cinquième rang de leurs soucis, derrière le pouvoir d'achat, la santé, la justice, l'éducation, « quand on se soucie d'éducation, l'accès à l'art en demeure une préoccupation essentielle. Car si certains considèrent parfois qu'on dépense leur argent pour une chose dont ils ne profitent pas, il faudrait qu'ils soient sûrs que leurs enfants, du moins, auront toujours accès à cette culture qui contribue - et je crois qu'ils peuvent le comprendre - à l'humanisation de chaque individu et à l'enrichissement de notre société ». Ainsi, à Hirson, des maternelles, avec le spectacle « Oups », aux classes primaires avec « En attendant la récré », spectacle joué dans la salle de classe, en passant par les collégiens et lycéens avec « Galerie de portraits » ou « Tiens, il est 9 h », de la Comédie de Picardie, le spectacle vivant va bien au-delà de son statut de divertissement. De même, les Trans' soutiennent et accompagnent les acteurs culturels régionaux. A titre d'exemple, à Hirson, la compagnie « Ecchymose », donnera naissance en octobre à une nouvelle production ; la « Bigarrure » en janvier 2010 et la compagnie « Au fil du temps et des saisons » le mois suivant. (Photo H D) « Loin des terres stériles des musiques cellophanées », toujours à Hirson Didier Lockwood présentera « le Jazz et la Diva, opus II », prolongement du spectacle récompensé par un « Molière ». L'Orchestre symphonique d'Ettlingen sera réuni autour de Jean-Philippe Collard. La Caravane Electro mélangera drum'bass, électro, musique indienne et mixage de vidéos en live, Gilles Apap proposera ses 4 saisons de Vivaldi avec l'Orchestre de Picardie tandis que les vidéastes de Picardie, de Wallonie et du Nord-Pas-de-Calais intégreront le 3e festival Trans-vidéo. A l'aube de cette nouvelle saison, Jean-Jacques Thomas invita donc le public du théâtre fourmisien et des Trans' « à réveiller son esprit, à plonger dans l'inconnu et à s'ouvrir sur le beau, sur le rêve et l'avenir ». « Vivre et rêver, s'interrogea-t-il, n'existe-t-il pas aujourd'hui plus noble et plus grande ambition ? ».