DIDIER LOCKWOOD DANS SON JARDIN: LES APPLAUDISSEMENTS COMME LES FEUILLES MORTES S’Y RAMASSENT A LA PELLE.
L’histoire de la musique est marquée de rencontres et de retrouvailles inédites, parfois même improbables. Le mariage entre le jazz et la java appartient sans doute à cette catégorie. Plus que d’autres, en effet, à l’initiative des plus grands noms, les scènes jazz restent des lieux privilégiés de création servis par des musiciens à la capacité d’improvisation hors du commun.
A Hirson, Didier Lockwood est dans son jardin. Pour le plus grand plaisir d’un public plus que jamais fidèle au rendez-vous, chaque année, le parrain du festival y invite ses amis. Dans ces conditions, pas besoin de carton d'invitation et, encore moins, d’un déroulé précis. Pour preuve, salle Michel Carpentier, le violoniste est entré en scène avec Diégo Imbert, le contrebassiste et Biréli Lagrène, autre légende vivante de la guitare, sans même savoir ce que le trio allait proposer. Deux accords plus tard et le tour (du monde) fut joué !
Les trois personnalités, chacune dans leurs parties, ont ainsi ressuscité les plus grands maîtres du jazz parmi lesquels Stéphane Grappelli pour Didier Lockwood, Django Reinhardt pour Biréli Lagrène qui, comme le roi du jazz manouche, est capable de tout jouer d’oreille. L’accompagnement (subtile) du contrebassiste Diego Imbert fit le reste dans des chorus d’anthologie.
Non sans humour – comme cette référence appuyée à Pierre Boulez et à ses … 135 opus – l’enfant de Calais a également choisi de prendre le large avec son violon électroacoustique et son désormais célèbre solo de globe-trotter. Les notes s’envolent et la technique maîtrisée de la pédale d'effets n’est qu’un prétexte à transporter le spectateur sur l’ensemble des continents.
Gommant les frontières, l’homme-orchestre universel invite alors son public à feuilleter ses carnets de voyage musicaux puis, au final, à ramasser les feuilles mortes à la pelle. Comme les bravos qui saluèrent le trio.