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Le blog de Jean-Jacques THOMAS
25 avril 2011

LA LETTRE ET LA MÉMOIRE DE LÉO SCHREIBER RÉVÉLÉES PAR ANAÏS.

HIRSON_DEPORTATION_2011_Ana_s_PILON_deboutLéo Schreiber est né le 18 août 1931 à Francfort. Il habite Paris 14 rue Louis- Bonnet lorsque le  16 juillet 1942 il est arrêté. Le 11 août, transféré à Pithiviers, avant d’être déporté, il écrit cette lettre émouvante à son père, Jules, qui, lui survivra. Devant, le monument aux morts, place Victor Hugo, avec émotion, Anaïs, élève de « Troisième découverte » au Lycée Joliot-Curie, lui a prêté sa voix :

« Cher père, je vais te raconter tout ce qui nous est arrivé depuis notre départ. D'abord, les agents qui nous ont cherchés nous ont conduits à l'école Parmentier. Puis on nous a fait attendre pour aller dans un autobus qui devait nous conduire au Vélodrome d'Hiver où nous sommes restés cinq jours. Puis on nous a traînés jusqu'à la gare d'Austerlitz pour nous mettre dans un train de bestiaux (chevaux) qui devait nous emmener à Pithiviers (Loiret) où nous nous sommes couchés sur de la paille. Nous étions toujours dans ce camp pendant deux ou trois semaines quand un trouble se mit dans le camp : on prenait des gens pour les envoyer nous ne savons où.

L_o_Schreiber__enfant_d_port__

Nous savons seulement qu'on leur a donné pour quatre jours de vivres. Au troisième  départ, maman est partie aussi. Avant de partir, on a fouillé ces personnes et maman a donné 20 francs qu'elle avait dans son porte-monnaie et elle m'avait laissé le reste d'argent qui était de 3 110 francs. Donc maman est partie sans emmener un sou. Sa bague de brillants, elle l'avait cachée dans sa bouche, donc elle a pu l'emmener sans se faire chiper sa bague d'alliance. On la lui a laissée car ce jour-là, jeudi 6, on ne prenait pas les bagues d'alliance. 

Maintenant, cher père, je vais te dire aussi qu'elle avait sur elle du papier à lettres, on le lui a pris, c'est un signe qu'elle n'a pas le droit d'écrire. Albert, tout petit qu'il est, a pleuré quand on ne l'a pas laissé passer avec maman. Il s'était mis par terre dans la cour et pleurait amèrement... ».

HIRSON_DEPORTATION_2011_Ana_s_PILONLéo a pu écrire encore une carte à son père le 20 août 1942 : « Je n'ai pu t'écrire jusqu'à présent car nous avons été envoyés de Pithiviers à Drancy, et maman, tu dois déjà le savoir, a été déportée de Pithiviers je ne sais où. J'ai eu mon anniversaire ici à Drancy. Pour venir ici, nous avons voyagé dans des trains de bestiaux où nous étions très nombreux dans un wagon ». Sa mère, Mendia, avait été déportée par le convoi n°16. Léo et, son frère Albert, l'ont suivie deux semaines plus tard exactement par le convoi n°22 du 21 août 1942.

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  • Jean-Jacques THOMAS, Maire d'Hirson et Président de la Communauté de communes des "Trois Rivières", livre ses impressions et commentaires sur le quotidien de sa commune et de la vie citoyenne en général.
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