« AUJOURD’HUI, C’EST LA RENAISSANCE DU RACISME. C’EST L’ESPÉRANCE DU FASCISME ».
« J’avais seize ans et j’étais insouciant. Des études très belles et des amours éternelles. J’ai eu dix-huit ans, un avenir flamboyant. Des zazous plein les avenues… Zazou, Zazou, tiens voilà les Allemands ! Ach, Ach, disaient-t-ils en rigolant. Cache ! Cache ! hurlaient mes parents. C’est la guerre. C’est la misère. C’est l’aventure. C’est la capture. C’est Drancy. C’est fini ! J’ai eu vingt-deux ans. J’ai perdu mes amis. J’ai perdu la belle vie. Je suis revenu après deux ans. J’avais cinquante ans à vingt-quatre ans ». Résistant, déporté à Auschwitz, Serge Smulevic survivra grâce à ses talents de dessinateur. Conduit à Dachau, il sera libéré en 1945 par les troupes américaines.
Lors de la cérémonie en l’honneur des Déportés, son poème, « Ce que j’ai encore à vous dire », fut interprété par Gaylor Chauderlier. Alors que l’auteur décède en 2010, son ancrage dans l’actualité n’a pas manqué d’interpeler le public présent place Victor Hugo : « Aujourd’hui, c’est la renaissance du racisme. C’est l’espérance du fascisme. Ils sont de retour, à nouveau tous ces anciens fléaux. Aujourd’hui, j’ai soixante-quinze ans. La colère me retourne les sangs. Aujourd’hui, je dois m’exprimer sans rien vous épargner. J’ai peur que toutes nos souffrances soient bientôt oubliées grâce à ce long silence qu’on nous a si bien inculqué ». La bête immonde n'est pas morte. La vigilance reste de mise.