MATHILDE, LA SENSIBILITÉ A FLEUR DE PEAU, A PLEURS DE MAUX.

Stressée, elle l’était avant-même de monter sur scène. Il est vrai qu’être privée de deux musiciens restés bloqués à Brighton n’incite guère à la sérénité. Surtout que Mathilde n’est pas artiste à se satisfaire d’une bande-son. D’autant qu’à son image, son set, elle le fait vivre. Poing levé, cœur ouvert de femme solide, de fleur fragile sur un champ de bataille. Sans fard, l’auteure-compositrice-interprète présente à l’Eden des chansons rarement chantées.

« Libre de son corps, si ça ne plaît pas, tant pis ». Chez Mathilde, on ne transige pas. Machos s’abstenir. « Qu’est-ce qu’il a le corps des femmes pour qu’on ne lui foute jamais la paix ? » s’interroge-t-elle rappelant aussitôt que « Non » et « Stop » sont des phrases complètes. Les larmes au bord des yeux, la femme puis l’artiste en ont, parfois, eu marre de l’aimer.

Féministe Mathilde ? Évidemment. Mais pas seulement. Consciente de la dimension politique d’un texte et d’une musique, elle n’en aime pas moins, la beauté, la poésie, la faune et la flore. Engagée, exacerbée, elle est d’abord vérité avec une sensibilité à fleur de peau, à fleur de mots. Elle qui rêva d’Eurovision et n’oublie pas ses débuts jazz, reste, cependant une « guerrière de lumière, une martyre de la cause ». Avec un plaisir partagé jusque devant la Mairie avec d’autres femmes, elles aussi, heureuses de se sentir comprises.