MAI 1940 : RENDEZ-VOUS AU CARREFOUR DE L’ÉTOILE POUR DÉPASSER LES FORTIFICATIONS DE LA MÉMOIRE.
« Les morts ont-ils des droits ? Les perdent-ils avec la vie ? » : devant la stèle érigée au Carrefour de l’Étoile et le soldat de pierre tentant de relever la France, Jean-Jacques Thomas s’est interrogé sur la transmission. Pour lui, la réponse reste, de toute évidence, l’affaire des vivants. « Elle nous appartient, ajoute-t-il, puisque les vingt-quatre soldats français tombés, à quelques centaines de mètres de là sont, à jamais, muets ».
Après que Jean-Pierre Dutry, le Président du Comité de la mémoire, ait rappelé les circonstances de l’encerclement et de la mort des militaires issus de plusieurs bataillons tentant de retarder l’inéluctable échéance, le Président des Trois-Rivières rappela que « leur silence a finalement remplacé l’ordre transmis. Le mutisme a surtout couvert la plainte de l’agonisant ».
De poursuivre : « Pire, au fil des ans, la disparition est devenue absence de pensée. Aucune réponse ne fut donnée à l’écho des souffrances endurées, à l’absurdité peut-être ressentie face à la dérisoire protection du béton ». Une raison supplémentaire pour qu’au pied des bunkers intacts, « la parole soit restituée comme il est, toujours, nécessaire de s’interroger sur la mémoire populaire et sélective qui voulait que ceux de 40 se soient livrés sans combattre ».