AVEC OU SANS ACCENT, LE POINT MIS SUR LE « I » DE RIRE.

« Dans l’alphabet de la vie, je n’ai pas de « Q » : je suis né sous « X ». Le ton est donné avec l’humour et la sensibilité à fleur de peau. Abandonné à la naissance après deux années d’orphelinat, le petit Smaïn Fairouze – nom et prénom donné par l’établissement constantinois qui l’accueille – « heureusement que la Sœur de charité chargée de l’État civil n’était pas passée devant une épicerie, sinon, je me serais appelé Félix Potin » – le jeune garçon arrive en France chez un père, balayeur d’origine algérienne, et une mère, femme de ménage, marocaine. C’est là que naît sa passion pour le cinéma et son désir de devenir acteur.

A Hirson, de confidences en confidences, celui-là même qui rêvait de devenir « le Patrice Luchini de la ZUP » détaille ses étapes et les obstacles que sa couleur de peau et son nom placent devant lui. « Je ne suis pas raciste, je m’appelle Mohamed » répète-t-il ou « S’il y a de plus en plus de noirs à la télé, à quoi ça sert d’avoir un écran couleurs ? »

Toujours, il a rebondi. De son passage dans une chorale, il se formate une voix aujourd’hui encore appréciée. Chaque fois, ses rencontres et ses découvertes ont consolidé ses fondations artistiques et humaines.

Les hommages rendus sur la scène de l’Eden à Henri Salvador et Jerry Lee Lewis ne doivent rien au hasard. Comme il se consacre de plus en plus à l'écriture, l'artiste est complet.

« J’ai toujours voulu qu’on m’aime » se souvient-il. Rien n’a vraiment changé pour lui. Face à public parfois au bord des larmes, ses pirouettes en font un cascadeur du rire et son accent évite que son public ne tombe pas dans le pathos. La guerre d’Algérie ? « Ils voulaient écrire OASIS, ils ont oublié deux lettres ». « Algérien de naissance et Français de reconnaissance », Smaïn fait même rire avec l’OAS. Depuis quarante ans, la scène et sa maison et il y ouvre son cœur comme d’autres leur porte.