COMMEMORATION DU 8 MAI : POUR QUE ELIE, SARAH, ABDEL OU SOFIA NE SOIENT PLUS LES BOUCS EMISSAIRES

Dépôt de gerbe à Hirson avec Anne Bisson, Sous-Préfète et Joël Egloffe, Adjoint au Maire. Le 3 septembre 1939, la France entrait en guerre contre l’Allemagne. S’en sont suivies cinq longues années noires. Jusqu’à l’été 1944, pénurie, persécution et déportation des juifs, résistants et opposants politiques ont rythmé la vie des Français. Chacun peut donc imaginer le bonheur profond et la joie débordante qui le 8 mai submergèrent les survivants. Cette joie, ce bonheur, nous pouvons facilement les comprendre. Cependant à quoi servirait le souvenir si ce n’est d’abord pour comprendre comment et pourquoi en est-on arrivé là ? S’il est rare que la responsabilité d’un conflit repose sur un seul belligérant, la seconde guerre mondiale fut voulue, imaginée et engagée par l’Allemagne nazie. La responsabilité des autres puissances ne réside donc pas dans une quelconque agressivité, mais plutôt dans une trop grande passivité. « Qwatsch » (baliverne), c’est par cette exclamation que, lors de ses interrogatoires au procès de Nuremberg, Hermann Göring rejetait ses propres responsabilités dans les horreurs qu’il avait lui-même voulues, dirigées ou couvertes. Le même Göring déclarait également : « Je suis un homme foncièrement opposé aux atrocités et aux actions inciviles. En 1934, j’ai d’ailleurs promulgué une loi contre la vivisection. Vous voyez bien : si je désapprouve l’expérimentation sur les animaux, comment pourrais-je être partisan de torturer des êtres humains ? » Oui, c’est aussi pour comprendre que nous nous retrouvons chaque année devant cette stèle. C’est pour éviter que les crimes contre l’humanité soient réduits à des balivernes ou à des détails que nous nous rassemblons. Le « devoir de mémoire ne saurait être une simple expression de l’air du temps. La vigilance sera plus que jamais nécessaire tant que la tentation de réécrire l’Histoire sera toujours présente. Voilà pourquoi, ici à Hirson, la commémoration du 8 mai est marquée par toutes une série de recueillements, par plusieurs dépôts de gerbes et, plus particulièrement cette année, par une exposition due aux élèves et à l’équipe pédagogique du collège Cobast. Voilà pourquoi à Hirson, au travers des hymnes interprétés, les élèves des écoles rendent hommage à celles et à ceux dont le sacrifice permet notre liberté. N'oublions jamais qu'ils se sont engagés, qu’ils se sont battus et que certains sont morts pour que la France redevienne elle-même, forte de ses valeurs d'égalité, de justice et de liberté ; ces valeurs qui fondent notre nation. C'est à nous désormais de porter et de défendre ces valeurs. En 2006, encore et toujours, les leçons de 1945 s’imposent à nous. Les actes d'antisémitisme et de racisme qui se sont produits en France, à l’école ou à l’entrée d’une discothèque, nous obligent à demander aux jeunes générations de rester fidèle à cet idéal de liberté, d'égalité et de fraternité pour lequel des Français libres, des résistants, des combattants de la Libération de toutes origines, de toutes convictions se sont battus et sacrifiés. Le 8 mai ne saurait gommer cette vigilance que voici plus de soixante ans d’autres ont appelé l'esprit de résistance. Oui, seule cette vigilance peut faire barrage au mépris, faire reculer la haine de l'autre, toujours tapie, toujours prête à désigner Elie, Sarah, Abdel ou Sofia comme les boucs émissaires. La face la plus sombre de l'âme humaine se révèle régulièrement. Hier, sous le régime nazi. Demain, peut-être, à notre porte. Et il se trouvera bien un tortionnaire pour justifier l’injustifiable ; pour, après coup, le qualifier de baliverne. Défendre, partout et toujours, les valeurs de la République : voilà tout à la fois notre devoir et notre fierté ! Dépôt de gerbe à Saint-Michel avec le Maire Paul Cherdon.