CES GROSSES NICHES QUI GROSSISSENT.

L'économie française va mal. Normal, les 35 heures en sont la cause. Le prix du pétrole flambe à la pompe. L'Union européenne doit intervenir. Décidément, Nicolas Sarkozy est incorrigible. Le Président de la République renvoie, en effet, sur la Commission ce qui dépend de sa politique fiscale. De même, accepte-t-il sans mot dire la désinvolture avec laquelle le PDG de « Total » lui accorde une aumône de cent millions là où une contribution de deux milliards sur les super bénéfices de la compagnie s'avère autant nécessaire qu'équitable. Oui, mais voilà, l'équité, la justice et la progressivité de l'impôt sur le revenu ne sont pas les qualités premières du gouvernement si l'on en juge par les conclusions d'une Mission parlementaire qui vient de chiffrer à 73 milliards d'euros le coût annuel des avantages fiscaux accordés. Soit près de 27% des recettes fiscales nettes de la France. Un chiffre en diminution en référence aux promesses présidentielles et à l'obligation de parvenir à l'équilibre des finances en 2012 ? Pas du tout. Au contraire ! Voici cinq ans, ces privilégiés les plus aisés ne bénéficiaient que de cinquante milliards de cadeaux. Bien évidemment, les plus modestes ristournes de ces 486 niches fiscales ne constituent pas l'essentiel du manque à gagner de l'Etat. Toujours enclins à échapper à un impôt sur la fortune que le Gouvernement s'évertue à vider de sa substance, les plus gros contribuables profitent largement de la plus grosse part du gâteau. Du reste, d'exonérations en dérogations, d'arrangements en aménagements, non seulement l'impôt des plus riches s'est allégé et certains d'entre eux se voient même restituer une partie non négligeable de leurs contributions. A contrario, les plus modestes sont doublement pénalisés. D'une part, ils ne bénéficient pas des avantages accordés et, d'autre part, ils sont directement affectés par la diminution des politiques nationales. Réduction d'impôts pour les uns, réduction des Services publics pour les autres : pour le pétrole comme pour l'impôt, les Français qui paient le plus en bénéficient le moins !