11 NOVEMBRE : MÊME SI LA BOUE DES TRANCHÉES A SÉCHÉ, L'EMPREINTE DE CLEMENCEAU EST TOUJOURS VISIBLE.

La solennité des commémorations tant en gare que devant les différentes stèles, françaises et allemandes, la présence du piquet d'honneur de l'Escadron de gendarmerie mobile, de la garde du centre de secours, des soldats en uniforme de l'association du souvenir, des porte-drapeaux et des enfants des écoles témoignent de l'impact de la guerre 14-18 dans la mémoire collective. Quatre-vingt-onze ans après la fin du conflit, après avoir fleuri le monument aux morts érigé place Victor Hugo en compagnie du capitaine Soccal, Jean-Jacques Thomas a insisté sur la nécessité de « garder les yeux ouverts » tout en rendant hommage à Georges Clemenceau dont une école hirsonnaise porte le nom. Il est vrai qu'en cette fin d'année 1917, la France meurtrie est aux abois. Les Français, eux, sont lassés de la guerre et du malheur. A l'arrière, le moral, aussi, est au plus bas. Dans chaque no man's land, parfois à la baïonnette, les soldats bravent la mort entre deux barbelés, dans un trou plein d'eau, conquis hier, perdu aujourd'hui, repris demain. Écrasé par des combats qui n'en finissent pas, le pays n'en peut plus. Partout on pleure un fils, un frère, un père. Dans tous les camps, chacun aspire à sortir de cette trop longue nuit. A 76 ans, Georges Clemenceau va alors incarner une véritable espérance. Evoquant le rôle de l'homme d'Etat, sa force au service de la paix, la constance de son engagement pour la République, sa foi dans le progrès, dans l'amour de la justice et de la liberté, le Maire d'Hirson mit en exergue « la fusion entre un homme et une nation ». « Le combat pour l'humanité, dit-il, et le culte du travail étaient son héritage familial ; il en fit sa destinée. De la médecine à l'écriture, du soin des corps au souci de l'âme, il a voué son existence à la lutte contre l'inégalité et l'injustice ». D'ajouter : « Tout naturellement, la scène politique devait donner à cet engagement « radical » l'occasion de ses plus belles joutes. Les bancs de l'Hémicycle tremblent encore des discours enflammés de cet orateur d'exception. Vendéen, bleu, patriote, laïque, pétri des valeurs d'une République qu'il a connue menacée, il sut toujours trouver une tribune pour dire ses colères et combattre le mensonge. » Pour Jean-Jacques Thomas, Clemenceau exécrait la compromission et refusait les concessions. « S'il dut parfois se retirer, dit-il, il n'abandonna jamais. » De la même manière, il était convaincu que l'homme mérite mieux que d'avoir à tuer d'autres hommes pour n'être pas tué lui-même. Près d'un siècle après l'armistice, la boue des tranchées a séché. A Berlin, un mur s'est effondré. Les Européens ont dépassé le temps où ils s'entretuaient. Strasbourg, devenue le cœur de l'union européenne, a cessé d'être le corps de la discorde. Sur l'acier, sur le charbon, sur les armes de la guerre, ont été forgés les instruments d'une concorde espérée éternelle. L'hécatombe n'en fut pas moins épouvantablement cruelle. « Voilà pourquoi, affirma encore Jean-Jacques Thomas, en présence des enfants des écoles appelés à interpréter « la Marseillaise », pour éclairer le débat public, pour conforter notre démocratie, « il est toujours indispensable de garder les yeux ouverts. Seule la mémoire prépare, en effet, l'avenir. » De conclure « Se souvenir aujourd'hui de Clemenceau, ce n'est pas seulement se tourner vers un siècle passé, et réciter les leçons du passé, c'est entretenir une flamme qui ne détruit pas mais qui éclaire, une flamme que Clemenceau sentait en lui et qui fut son guide durant sa vie, une flamme qui s'appelle humanité ! »

Comments

[JIMAILLE]

serait il possible d avoir les photos prisent le jour du défile de la garde au drapeau des sapeurs pompiers je vous en remercie