JAZZ : HIER SOIR, AU SONHIR, LE FESTIVAL S’OUVRE SUR UNE CRÉATION ET UN FILM CULTE.
Ruth Orkin et Morris Engel étaient d’abord connus aux Etats-Unis pour leurs photographies. Rien d’étonnant donc à ce leur film tourné avec le scénariste Ray Ashley ait privilégié le noir et blanc. Leurs cadrages vont tellement bouleverser les habitudes de l’époque que François Truffaut avouera que « Le petit fugitif » est à l'origine des « 400 coups » et de « A bout de souffle ». Tourné en 1953, ce long-métrage, donnera ainsi naissance à la nouvelle vague de Truffaut et Godard.
Avec ces vingt-quatre heures d’un enfant de Brooklyn persuadé, à cause d'une blague idiote, d'avoir tué son frère, la caméra souvent déplacée à hauteur du gamin de sept ans, va plus loin que la fuite de Joey à Coney Island, au cœur d’une fête foraine et aux abords d’une plage bondée. Elle marque la naissance du cinéma indépendant américain.
Ce vent de liberté tord le coup à nombre de clichés. De la liberté, Gérald et Sandrine en ont d’ailleurs pris avec la bande son, jetant du même coup aux oubliettes l’harmonica lancinant pour puiser dans le répertoire classique des années 30, de Kurt Weill, notamment. Le couple a même déniché une veille pièce country de 1883 pour souligner les apparitions du jeune héros.
Avec des connotations plus jazzy d’avant et après guerre, des morceaux de ragtime et de blues, ils ont revisité cette pièce de collection. Sous l’écran du Sonhir, Michel Labiausse (saxophone baryton), Didier Plat (saxophone ténor), Frédéric Revue (saxophone alto) et donc Gérald Visse (saxophones alto et soprano) ont renoué avec la tradition des bandes sons interprétées sur les images du film. Avec un talent tel que la musique a fait oublier les quatre musiciens comme pour mieux se replonger dans l’eau chaude de Coney Island.