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Le blog de Jean-Jacques THOMAS
19 novembre 2010

DANY BOON : « J’AI AUSSI VOULU IMAGINER UNE COMÉDIE QUI PERMETTRAIT D’ALLER TRÈS, TRÈS LOIN DANS LE RACISME ».

Dany Boon sera bien présent le 10 décembre à Hirson pour donner le départ du marathon qui marquera la sortie de « Rien à déclarer ». Mathias Ducatel, le douanier français revient sur la naissance du film, sur le racisme ordinaire et la pression vécue après « Bienvenue chez les Ch’tis ».

DANY_BOON_2010_tournage_rush

Quand est née l’idée de « Rien à déclarer » ?

Lors de la tournée de promotion précédant la sortie de Bienvenue chez les Ch’tis. Sans doute parce que j’ai multiplié les projections dans le Nord de la France et en Belgique et que j’ai donc franchi à de nombreuses reprises cette fameuse frontière entre les deux pays. Celle-ci n’existe plus bien sûr, mais je l’ai tellement passée étudiant, que ce soit pour aller faire la fête ou le tiercé de mon père… et toujours avec énormément d’angoisse.

A l’époque, j’avais les cheveux longs et avec mon carton à dessins et mes badges à l’effigie de Cure, je me faisais arrêter à chaque fois et fouiller par les douaniers. Et là, quand je suis repassé par cette douane que je connaissais si bien, je suis tombé sur un véritable no man’ s land, avec des guérites vides, des commerces fermés, des maisons abandonnées… une sorte de ville morte. On se serait cru dans une rue de western. Et j’ 8393200">//

Et je suis alors allé rencontrer des douaniers pour qu’ils me racontent l’avant, les changements… Certains avaient même filmé au caméscope le dernier jour, celui de la fermeture. Je me suis aussi plongé dans les archives de l’INA de l’époque qui montraient notamment les grèves qui s’étaient déclenchées en forme de protestation…

RIEN_A_DECLARER_2010_dany_Boon_tournage

Mais si la douane sert d’arrière-fond à votre intrigue, « Rien à déclarer » peut aussi être vu comme une histoire d’amour, non ?

Oui.  Pour moi, ce film raconte surtout une histoire d’amour entre le douanier français que j’incarne, Mathias Ducatel et une Belge, sœur d’un douanier francophobe, Ruben Vandevoorde. Une histoire qui était d’ailleurs arrivée au collègue d’un des douaniers que j’ai rencontré, sa passion pour une femme qui travaillait aux douanes belges avait été mal vue par ses supérieurs. Cette love story, impossible à cause de la différence, est en fait beaucoup inspirée par l’histoire de mes parents. Mon père était kabyle et ma mère française. Tombée enceinte très vite, elle a été rejetée par une partie de sa famille. Ce sont des choses qu’on n’oublie pas quand on les vit comme moi enfant… Mais, au-delà du cas de mes parents, ces histoires de couples différents – que ce soit pour des raisons sociales, religieuses ou autres - sont communes à énormément de gens.

Avec « Rien à déclarer », j’ai donc aussi voulu imaginer une comédie qui permettrait d’aller très, très loin dans le racisme sans le moindre malaise. Puisque les Français et les Belges sont des cousins. La francophobie de Ruben Vandevoorde peut sonner réaliste, faire rire et réfléchir, sans susciter de malaise. On peut dire beaucoup de choses sur le patriotisme ou le racisme en agissant, ainsi, par ricochet. Il suffit de remplacer, dans la bouche de Ruben, le mot « français » par « arabe », « juif » ou « noir » et la dimension devient soudain différente. D’ailleurs, on retrouve cette idée dans une scène où, à un dîner, Mathias n’osant pas à avouer sa situation, fait croire à Ruben qu’il est amoureux d’une jeune fille noire dont la famille déteste les blancs. Et que répond Ruben ? Que c’est dommage et triste ! Parce que le raciste, c’est toujours l’autre et jamais soi…

DANY_BOON_2010_tournage_direction_acteurs

Après le triomphe public de « Bienvenue chez les Ch’tis », avez-vous ressenti de la pression à l’écriture ?

 Oui, une très grosse pression. Beaucoup de réalisateurs et producteurs m’avaient d’ailleurs expliqué à quel point il était difficile de se remettre à l’écriture après un succès. Et qu’en général, en plus, ça se terminait par un ratage ! (rires) Bertrand Blier m’avait même dit : « Bon courage pour le suivant ! Parce que moi, juste après « Les Valseuses », j’ai fait un bide! » (rires). Mais, dans les faits, concrètement, à partir du moment où j’ai eu mon sujet, tout s’est bien passé. En tout cas, j’étais à l’aise avec mon histoire. Mais j’avais malgré tout toujours dans un coin de ma tête l’idée que j’allais être très attendu. Et  je me suis surtout mis une pression en me disant qu’il ne fallait pas que je déçoive.

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  • Jean-Jacques THOMAS, Maire d'Hirson et Président de la Communauté de communes des "Trois Rivières", livre ses impressions et commentaires sur le quotidien de sa commune et de la vie citoyenne en général.
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