MONSIEUR DE POURCEAUGNAC, L’ÉTONNANTE MODERNITÉ DE MOLIÈRE ET DU MALHEUR DE L’AUTRE.
Au terme de la représentation, lors du traditionnel échange avec les acteurs, Jean-Jacques Thomas l’a souligné, « toute ressemblance avec des situations actuelles serait purement … d’actualité ». Pour le Maire d’Hirson, Molière et sa satyre de la société demeurent d’une formidable modernité et si Monsieur de Pourceaugnac reste une fable, la pièce se veut également une critique du rejet de l’autre, de l’étranger qui vient d’ailleurs, en l’occurrence de …. Limoges.
Servi par une mise en scène d’Isabelle Starkier, cette co-production de la Comédie de Picardie ne connaît aucun temps mort. Il est vrai que dans le rôle-titre, Daniel Jean est entouré d’acteurs qui interprètent trois ou quatre personnages. Pierre-Yves Le Louarn explose dans le costume de Sbrigani, le valet voyou, mais également de d’un médecin et du Flamand. Eva Castro joue Julie, la promise qui ne veut pas de Monsieur de Pourceaugnac en même temps que l’apothicaire, l’exempt et Lucette. Stéphane Miquel, aux mimiques étonnantes, est d’abord Eraste, l’amoureux qui triomphe, puis un médecin, une paysanne et un garde. Enfin, Nérine, la fieffée servante, se glisse, elle aussi dans les costumes de Madame Oronte, interprétée avec originalité, d’une infirmière et d’un garde.
Bref, face à une salle une nouvelle fois bien garnie, dans cette opposition Paris-Province, la violence de la tragi-comédie éclate en feux d’artifice jusqu’à rendre fou Monsieur de Pourceaugnac, le Limougeaud noir. Sous les masques, on y chante et on y danse, on y hallucine. Cette œuvre écrite en 1669 appelle le Malade imaginaire et le Misanthrope. Elle appelle tout autant à d’avantage de tolérance et d’humanisme.